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Première guerre mondiale: les Serbes boudent les cérémonies officielles du centenaire

Les Serbes ont célébré samedi comme un héros Gavrilo Princip, le jeune Serbe de Bosnie, qui a tué l'archiduc d'Autriche François-Ferdinand boudant ainsi les cérémonies officielles de l'attentat de Sarajevo qui a fait basculer l'Europe, il y a cent ans, dans la Première guerre mondiale.

28 juin 2014, 20:33
Une statue de Gavrilo Princip a été inaugurée vendredi à Sarajevo. Héros pour les uns, traître pour les autres, c'est lui qui a assassiné François-Ferdinand.

La Bosnie a commémoré samedi dans la division l'attentat de Sarajevo qui a fait basculer l'Europe il y a 100 ans dans la Première guerre mondiale. Serbes et Bosniaques ont en effet des perceptions différentes du jeune nationaliste Serbe Gavrilo Princip, l'assassain de l'héritier d'Autriche François-Ferdinand.

Les dirigeants serbes bosniens et de Serbie ont boudé les cérémonies officielles de l'attentat, préférant rendre hommage à Gavrilo Princip à Visegrad, ville en Bosnie orientale qui abrite un célèbre pont construit par les Ottomans et décrit dans le roman "Le pont sur la Drina" du prix Nobel de littérature, le Yougoslave Ivo Andric.

Des centaines de personnes étaient présentes à Andricgrad, cité néo-médiévale que le cinéaste serbe Emir Kusturica, maître des cérémonies pour l'occasion, a fait édifier au coeur de Visegrad. La cité servira de décor pour un prochain film du double lauréat de la Palme d'Or.

"Ma motivation personnelle (pour organiser ces cérémonies) est de s'opposer à des tentatives venant d'Europe occidentale qui, en falsifiant l'histoire, veulent présenter le meurtre d'un tyran comme un acte terroriste", avait déclaré Kusturica récemment.

Approche "révisionniste" dénoncée

La "rue" principale d'Andricgrad porte le nom de Mlada Bosna (Jeune Bosnie) de l'organisation qui a fomenté l'attentat contre François-Ferdinand. Elle regroupe des bâtiments en pierre de styles différents reflétant l'esprit des Balkans. Elle est dominée par une grande mosaïque représentant en taille réelle les participants à l'attentat de Sarajevo, Gavrilo Princip en tête.

Dès l'annonce des commémorations européennes à Sarajevo, il y a plus de deux ans, les Serbes avaient refusé de s'associer à ces cérémonies, dénonçant une approche "révisionniste" de l'histoire qualifiant Princip de "terroriste".

Car si à l'époque de la Yougoslavie communiste Gavrilo Princip était unanimement considéré comme un héros et un révolutionnaire, la guerre de 1992-95 dans laquelle se sont affrontées les trois principales communautés de Bosnie - bosniaque (musulmane), serbe et croate -, a fait changer la perception.

Traces effacées

Ainsi, associant les Serbes aux agresseurs, pour les historiens bosniaques, Gavrilo Princip n'est qu'un "terroriste" dont l'acte commis au nom du "nationalisme serbe" a entraîné une tragédie mondiale.

Si à l'époque de la Yougoslavie, une rue et un pont portaient le nom de Gavrilo Princip, Sarajevo, aujourd'hui ville majoritairement musulmane, a choisi d'effacer toute trace du jeune nationaliste serbe. Son souvenir est associé aux forces serbes ayant assiégé la capitale bosnienne tout au long de la guerre intercommunautaire qui a fait près de 100'000 morts.

"Au sein de l'armée (serbe de Bosnie) qui bombardait Sarajevo on vouait un culte à Gavrilo Princip", explique l'historien bosniaque Husnija Kamberovic.

Concert viennois

A Sarajevo, le point d'orgue des cérémonies financées par l'UE a été un concert "pour la paix" de l'Orchestre philharmonique de Vienne qui a joué notamment des oeuvres de Schubert, Haydn, Brahms ou encore Ravel.

"Nous espérons avoir enfin trouvé la recette nous permettant de vivre ensemble dans l'Europe et qui nous promet un avenir en paix", avait déclaré vendredi le premier violon de l'orchestre, Clemens Hellsberg. "Nous voulons porter la vision d'un avenir commun dans la paix", a-t-il ajouté.

Avant le concert, un petit groupe de manifestants portant des masques à l'effigie de Gavrilo Princip a protesté sans incident devant la Vijecnica, l'ancienne mairie puis bibliothèque nationale de Sarajevo, détruite par un incendie provoqué par les bombardements des Serbes de Bosnie en 1992 et récemment restaurée.

Pétition de BHL

Dans ce contexte, Bernard-Henri Lévy a mis en circulation samedi une pétition appelant à l'adhésion de la Bosnie à l'UE. "Faire revenir la Bosnie à l'intérieur de l'Europe, c'est notre dette morale, à nous Européens anciens", a déclaré le philosophe au lendemain de la première représentation dans la capitale d'une pièce de théâtre qu'il a écrite, "Hôtel Europe".

Il y a 100 ans, cinq semaines après l'attentat, entraînées par leurs rivalités, leurs peurs, leurs alliances et l'aveuglement de leurs dirigeants, les grandes puissances européennes sont entrées en guerre. Ce conflit laissera l'Europe exsangue.

 

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