Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Poutine fait la fête en Crimée, les morts se multiplient en Ukraine

Vladimir Poutine a suscité le courroux du gouvernement de Kiev en se rendant vendredi en Crimée pour une nouvelle démonstration de force. Pendant ce temps, l'Ukraine s'enfonce dans la violence, avec de nouveau plusieurs morts dans des affrontements à Marioupol.

09 mai 2014, 23:01
Vladimir Poutine en plein discours dans le port de Sébastopol.

A Sébastopol, port d'attache de la flotte russe de la mer Noire, le président russe a assisté au défilé commémorant la victoire de 1945 contre l'Allemagne nazie. Il devait rencontrer ensuite des anciens combattants et assister à un concert dans la soirée.

«L'année 2014 va rester dans les annales comme celle qui a vu les peuples qui vivent ici décider avec fermeté d'être avec la Russie, confirmant leur fidélité à la vérité historique», a lancé M. Poutine au cours des célébrations. Il a invité la communauté internationale à respecter les intérêts et les droits de ses concitoyens, y compris celui à l'autodétermination.

Un défilé aérien a ensuite mobilisé des dizaines d'appareils, dont des bombardiers supersoniques Tupolev TU-22 et des chasseurs Soukhoï Su-27 ou Mig-24 qui ont réalisé des figures au-dessus de la ville.

Initiative «malvenue»

Le gouvernement ukrainien a aussitôt dénoncé une «violation flagrante de la souveraineté ukrainienne», qui prouve que «la Russie ne veut pas rechercher d'issue diplomatique».

En visite à Tallinn, Anders Vogh Rasmussen, secrétaire général de l'OTAN, a quant à lui jugé l'initiative de Vladimir Poutine «malvenue». Les Etats-Unis, en première ligne face à la Russie dans cette crise, ont eux aussi dénoncé une visite qui ne fait qu'«exacerber les tensions».

La chancelière allemande Angela Merkel avait regretté cette semaine l'annonce d'une telle parade en Crimée, alors que les régions de l'Est et du Sud de l'Ukraine s'enfoncent dans la violence. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d'y attiser le séparatisme et les affrontements.

Kiev renonce aux défilés

En Ukraine, les célébrations ont été plus discrètes. A Kiev, une brève cérémonie a eu lieu dans un parc dominant la ville, en présence du Premier ministre, Arseni Iatseniouk.

Si l'Ukraine et la Russie avaient l'habitude de commémorer le même jour la victoire de 1945, le nouveau gouvernement a renoncé cette année aux défilés, craignant qu'ils ne donnent lieu à des affrontements avec des «provocateurs» pro-russes.

«Il y a 69 ans, nous avons combattu avec la Russie contre le fascisme et nous avons gagné. Aujourd'hui, la Russie a déclenché une guerre contre l'Ukraine», a déclaré M. Iatseniouk, appelant Moscou à «cesser de soutenir les terroristes qui tuent des civils en Ukraine».

Les affrontements continuent

A Marioupol, ville du sud-est de cette même Ukraine où les séparatistes pro-russes ont l'intention d'organiser dimanche un référendum d'autodétermination, de violents affrontements ont fait au moins sept morts et une cinquantaine de blessés, selon Kiev. Un bilan revu à la baisse, les autorités faisant état de 20 morts auparavant.

Une soixantaine d'insurgés équipés d'armes automatiques ont attaqué le siège local de la police, a affirmé le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov, sur sa page Facebook.

A Slaviansk, fief des rebelles pro-russes, des tirs et des détonations ont été entendus dans la nuit. Trois blindés légers, dont un orné d'un drapeau russe, ont défilé vendredi matin dans le centre ville, dont la place centrale était noire de monde.

Les livraisons de gaz en jeu

La tension va demeurer vive en Ukraine à l'approche du scrutin présidentiel anticipé du 25 mai, qui doit permettre l'élection du successeur de Viktor Ianoukovitch.

Les enjeux sont également économiques: la Russie a annoncé jeudi qu'elle ne livrerait plus son gaz à l'Ukraine que sur prépaiement, en raison d'une dette gazière de 3,5 milliards de dollars dont Kiev conteste le montant. Cette mesure peut menacer les livraisons de gaz à l'Europe, qui importe le quart de son gaz de Russie, dont près de la moitié via l'Ukraine.

Le rattachement en mars de la Crimée à la Russie, dénoncé comme une annexion par Kiev, est à l'origine de la pire crise entre Russes et Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias