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Nafissatou Diallo poursuit son offensive

29 juil. 2011, 07:15

Après les plateaux de télévision, une mégachurch pour Nafissatou. Au lendemain de la rencontre entre la femme de chambre, qui accuse Dominique Strauss-Kahn de crimes sexuels, et les assistants du procureur de Manhattan, qui hésite toujours à poursuivre l'affaire, la mobilisation s'organise autour de la plaignante pour qu'un procès ait lieu. Accompagnée de son avocat Kenneth Thompson, Nafissatou Diallo devait rencontrer en milieu de journée hier (18 heures en Suisse), des membres de la communauté africaine au Christian Cultural Center de Brooklyn, la plus grande église évangéliste de New York, pour les remercier de leur soutien.

Cette église ultramoderne de 45 000 m2 revendique pas moins de 29 000 membres et dispose d'importants moyens financiers sous la houlette de son populaire pasteur, le révérend A. R. Bernard. La United African Congress, l'organisation qui a désormais pris la tête de la lutte pour la défense de Nafissatou Diallo, discutait depuis des semaines déjà avec le pasteur Bernard de la meilleure façon d'organiser ce soutien.

Jusqu'à présent, les manifestations à Harlem n'ont guère rassemblé plus d'une centaine de personnes et l'événement d'hier n'avait pas d'ambitions démesurées. Mais, pour l'United African Congress, c'est un grand pas en avant. «Nous sommes très reconnaissants envers le pasteur Bernard, qui met des moyens importants à notre disposition. Il est passionné par cette affaire», confie Mohammed Nurhussein, physicien, directeur du conseil d'administration de l'United African Congress, qui devait s'exprimer à Brooklyn aux côtés du révérend Bernard.

Mohammed Nurhussein fait partie de ces Africains de New York qui ont tout de suite cru en Nafissatou Diallo et ne l'ont jamais reniée, malgré les révélations du procureur, parce qu'à leurs yeux ses mensonges et ses erreurs n'ont rien à voir avec les faits du Sofitel. Pour eux, la Guinéenne de 32 ans est devenue une sorte d'héroïne symbolisant une nouvelle ère dans la lutte contre l'injustice. «Je veux dire mon admiration pour le courage de cette femme, une immigrante, quasi illettrée, venant d'un milieu musulman conservateur, à s'exposer publiquement après une telle épreuve.»

Pour Mohammed, la campagne médiatique de la jeune femme, preuve de sa vénalité, selon les avocats de DSK, est au contraire une marque de dignité et de courage. «Cette femme a été traînée dans la boue, accusée d'être une prostituée et elle a osé entrer dans l'arène publique pour défendre sa réputation, sa dignité. Combien de femmes ridiculisées, salies de la sorte, se seraient cachées. Nafissatou est d'une autre trempe», poursuit-il avec émotion. Il comprend que certains interprètent négativement la volonté de l'avocat Kenneth Thompson de lancer une procédure civile, ce qui sème le doute sur les motivations financières de la jeune femme, mais il rappelle qu'aux Etats-Unis, un procès civil est de toute façon une procédure normale.

L'enjeu: voir DSK au tribunal

Pour lui, comme pour les femmes de chambre de New York, les associations dominicaines, catholiques, musulmanes, afro-américaines, de femmes violées et de féministes qui ont pris fait et cause pour Nafissatou Diallo, ce qui compte aujourd'hui, c'est de convaincre le procureur de ne pas abandonner les charges. L'issue du procès n'est même pas ce qui compte le plus, affirme Mohammed, l'enjeu c'est de voir DSK au tribunal face à Nafissatou Diallo. Quitte à perdre. «Nous savons que la justice américaine place la barre très haut (réd: puisqu'il faut qu'aucun des douze jurés n'ait de doute) et qu'une immigrée peut ne pas la franchir à cause de sa vie personnelle, mais pour nous et pour Nafissatou Diallo, ce qui compte, c'est qu'elle mette les pieds un jour dans ce tribunal», poursuit Mohammed. Le physicien se veut confiant: «Nous avons réussi une première fois le 7 juillet, lorsque le procureur s'apprêtait à abandonner les charges et cherchait un accord avec DSK. J'espère que nous obtiendrons ce procès.»

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