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Murdoch père et fils se dédouanent

20 juil. 2011, 10:51

Pour Rupert Murdoch et son fils James, le temps des excuses est venu hier, devant les députés et le peuple britanniques. Le patron de News Corp. s'est présenté «humblement» devant la commission des médias de la Chambre des communes, pour une longue audition au cours de laquelle il a été victime d'un «entartage» par un spectateur.

Rupert Murdoch a fait profil bas devant les députés, mais sans assumer la «responsabilité finale» du scandale des écoutes téléphoniques qui secoue le pays depuis des semaines. Sommé de rendre des comptes sur les pratiques illicites du journal «News of the World», sabordé il y a dix jours, le patron de News Corporation a d'abord fait amende honorable: «Je ne me suis jamais senti aussi humble de ma vie.» Murdoch s'est déclaré «choqué» par l'affaire Milly Dowler, cette jeune fille assassinée dont la boîte vocale avait été piratée, puis effacée par des reporters de son tabloïd. «Je voudrais dire combien je suis désolé et combien nous sommes désolés, tout particulièrement aux victimes» de cette affaire «et à leur famille», a renchéri son fils - et bras droit - James.

Au courant de rien

Mais lorsque les députés poussent le magnat des médias dans ses retranchements, sur sa responsabilité, il se dédouane: «Reconnaissez-vous être le responsable ultime de tout ce fiasco?», demande un élu. «Non», répond-il laconiquement. «Qui est responsable?», poursuit le parlementaire. «Les personnes à qui j'ai fait confiance, et ensuite peut-être les personnes à qui elles ont fait confiance», rétorque Rupert Murdoch. «Le «News of the World» représente moins de 1% de notre groupe. J'emploie 53 000 personnes dans le monde, qui sont de grands professionnels, soucieux d'éthique», plaide-t-il.

La venue des Murdoch avait attiré beaucoup de monde à Westminster. La petite salle étant accessible au public et aux journalistes, certains étaient arrivés à 6 heures du matin pour être sûr de pouvoir assister aux débats. Mais le Parlement a dû ouvrir deux salles supplémentaires avec écrans géants pour la foule de curieux n'ayant pu entrer.

Contrairement au calme et à la solennité régnant dans la salle d'audition, le public des salles voisines se comporte comme au spectacle. Retraités, étudiants, touristes américains relèvent l'humour de certaines questions des députés ou rient même franchement au comportement de Rupert Murdoch. Ce dernier semble parfois passer complètement à côté des questions. Il hésite, marque de longs silences, répond par «oui» ou par «non» à des demandes d'explications complexes, fait souvent répéter, ne semble pas comprendre l'accent écossais d'un membre de la commission... Et, surtout, il n'a l'air au courant de rien.

Au tour de Cameron

Le travailliste Tom Watson, l'un de ses plus fervents adversaires, cherche à savoir de quoi le patron de News Corp. était au courant. Il n'obtiendra aucune réponse, Rupert Murdoch fronce les sourcils en écoutant les questions comme s'il se concentrait pour entendre, marque des pauses avant de répondre qu'il «ne sait pas», «n'a aucune idée», «n'a jamais entendu parler de cette personne», ou que «ce serait plus une question pour (son) fils James». Il frôle tant la caricature que le «Telegraph» affirme: «Tom Watson a réussi l'impossible: rendre Rupert Murdoch sympathique.»

Si Murdoch a parfois l'air d'un vieillard à côté de la plaque, son fils James, patron des activités européennes de News Corp., tente à de multiples reprises de terminer les phrases de son père. James joue gros devant les députés, alors que plusieurs hommes politiques et certains actionnaires du groupe demandent son départ de la présidence de BSkyB. Cet homme de 39 ans s'exprime de manière posée. Il paraît convaincant dans son intention de faire toute la lumière. Mais lui aussi se dédouane de la responsabilité du scandale, affirmant avoir ignoré que les écoutes étaient une pratique répandue au sein du «News of the World».

James Murdoch n'a montré de l'exaspération que lorsqu'un homme a tenté d'agresser son père. Un membre du public assis derrière Rupert Murdoch s'est jeté sur lui pour lui envoyer une assiette remplie de mousse à raser sur le visage et la veste en lui criant: «Sale milliardaire!» Il a été promptement arrêté par la police.

Au bout du compte, si les Murdoch n'ont pas vraiment éclairé les députés, au moins ont-ils fait passer un message d'excuses au public britannique. Des excuses que certains hommes politiques attendent aussi de la part de David Cameron aujourd'hui. Le premier ministre s'exprime à son tour devant le Parlement lors d'une séance exceptionnelle, alors que les vacances parlementaires auraient dû commencer hier soir.

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