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Mouammar Kadhafi perd l'un de ses hommes liges

La «trahison» du ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, est un coup dur pour le clan du Guide.

01 avr. 2011, 12:10

C'est un sacré revers pour le clan Kadhafi. Le visage crispé, Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement libyen, s'efforce, avec peine, de masquer son embarras. «Moussa Koussa a demandé de se rendre en Tunisie pour des soins médicaux. Il en a eu la permission. Après, nous avons entendu qu'il a décidé de démissionner de son poste. C'est sa décision personnelle. La Libye ne dépend pas d'individus», a-t-il déclaré, hier après-midi, en réaction au départ du ministre libyen des Affaires étrangères.

Quand la nouvelle est tombée, la veille au soir, un silence inhabituel s'est emparé du Rixos. Dans les salons cossus de cet hôtel cinq étoiles de Tripoli, où Khaled Kaim, le vice-ministre des Affaires étrangères, passe l'essentiel de ses soirées, aucun officiel n'était disponible pour le moindre commentaire. Alors que les chaînes satellitaires en langue arabe s'empressèrent de relayer, pendant la nuit, l'information de sa défection à Londres, la télévision nationale s'est contentée de passer en boucle les habituels vidéo-clips pro-Kadhafi.

Hier matin, tandis que les fidèles du régime se faisaient soudainement plus loquaces, un seul mot d'ordre prévalait: «Nous nous battrons jusqu'au bout!» «C'est une vraie trahison», concède Abdul Salam Abu Khzam, un journaliste libyen fier de sa loyauté envers Mouammar Kadhafi, tout en tentant de minimiser l'impact du départ de cet homme clef du régime, qui n'est pas le premier à démissionner. «Ceux qui s'en vont n'obéissent qu'à des intérêts personnels. Ce sont des hommes corrompus qui n'ont que faire de l'intérêt de leur pays. Mais ils ne sont pas indispensables. Nous sommes des milliers de Libyens au service de Mouammar Kadhafi», dit-il.

Les opposants y voient, au contraire, le signe le plus flagrant d'un pouvoir qui s'effrite de l'intérieur. Ali Errishi estime que les jours du régime libyen «sont comptés». D'après cet ex-ministre de l'Immigration, qui a lui-même fait défection après le début du soulèvement populaire, mi-février, «Kadhafi n'a plus personne sur qui compter», à l'exception de «ses enfants».

À Londres, où Moussa Koussa est arrivé, avant-hier, après 48 heures passées en Tunisie «pour des raisons privées», le chef de la diplomatie britannique, William Hague, voit dans cette démission l'illustration d'un régime «divisé, sous pression» et qui «s'effondre de l'intérieur». «Il y a de plus en plus de défection dans l'entourage de Kadhafi. Le départ de Moussa Koussa, qui a été un responsable de haut rang, illustre l'isolement croissant et la perte de légitimité de Kadhafi», affirme, de son côté, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Hier soir, Tripoli bruissait de rumeurs - démenties par les autorités - sur la défection d'autres officiels, dont le chef du Parlement, Mohammed Zwei, et le chef des renseignements extérieurs, Abou Zeid Dourda. /DMI-Le Figaro

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