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Mohammed VI réforme son royaume

18 juin 2011, 10:52

Le Maroc entre dans une nouvelle ère avec l'annonce, par Mohammed VI, de la réforme de sa Constitution. Le roi devait s'adresser hier soir à son peuple à l'occasion d'un discours qui va changer la donne politique dans le royaume, en ouvrant la voie à une forme de démocratie parlementaire. Mohammed VI s'apprête, ni plus ni moins, à renoncer de sa propre initiative à une partie de ses prérogatives.

Mises au point par une commission d'experts, les réformes portent notamment sur les nouveaux pouvoirs attribués au premier ministre. Le chef du gouvernement est jusqu'à présent nommé par le souverain. Placé sous tutelle, il exerce ses fonctions avec une marge de manœuvre limitée tandis que des proches du roi exercent dans l'ombre le pouvoir réel.

Désormais, le premier ministre sera désigné par le Parlement et il gouvernera en qualité de «président du gouvernement» comme le chef du gouvernement espagnol. Ce premier ministre sera, par exemple, responsable des nominations administratives les plus importantes. Il pourra aussi dissoudre le Parlement et tenir son conseil des ministres sans la présence du roi.

Dans son allocution, Mohammed VI devait souligner le principe de séparation et d'équilibre des pouvoirs afin d'assurer un fonctionnement démocratique des institutions. Soucieux de ne pas perdre du temps, il va soumettre la nouvelle Constitution à un référendum prévu en juillet avant le début du ramadan, qui tombe cette année en août. Des élections législatives anticipées seront ensuite organisées à l'automne pour tenter de redynamiser l'Assemblée nationale.

Commission de sages

Inédite dans le monde musulman, l'initiative de Mohammed VI vise à anticiper des évolutions qui lui paraissent inéluctables avec l'avènement du «Printemps arabe». Le 20 février, au lendemain des révolutions tunisienne et égyptienne, des dizaines de milliers de jeunes étaient descendus dans les rues des principales villes du Maroc pour réclamer dans le calme plus de liberté et de démocratie sans pour autant mettre en cause la personne du roi.

Après un moment d'hésitation, Mohammed VI a répondu, trois semaines plus tard, par un discours de rupture en promettant le changement. Une commission de sages présidée par le juriste Mohammed Moatassim a entendu les responsables des partis politiques et de la société civile pour rédiger son projet. Pendant ce temps, les jeunes ont continué à manifester tout en refusant de participer au chantier des réformes. Méfiants, ils ont craint un retour en arrière lorsque des défilés ont été réprimés par les forces de police en mai.

Plus de libertés

De leur côté, les islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD) ont fait savoir qu'ils n'accepteraient pas une Constitution d'essence libérale prévoyant la liberté de croyance, une notion, selon eux, préjudiciable à l'«identité islamique du pays». Mohammed VI devait donner hier soir sa réponse aux uns et aux autres.

Outre son volet politique, la nouvelle Constitution a pour ambition d'élargir le champ des libertés individuelles et collectives. Elle prévoit de confirmer l'islam en tant que religion d'Etat, mais elle entend aussi garantir la liberté de culte. Elle supprime la disposition qui évoque le caractère «sacré» de la personne du roi qui est remplacé dans l'article 46 du nouveau projet par l'expression: «L'intégrité de la personne du roi ne peut être violée.» La nouvelle loi fondamentale va aussi désigner le berbère comme langue officielle à côté de l'arabe. Quant à la justice, elle sera clairement séparée des autres pouvoirs, pour assurer son indépendance.

Mohammed VI se devait de tenir ses promesses. Attendue avec impatience, son intervention donne un nouveau souffle à un règne engagé voici 12 ans, à la mort de Hassan II.

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