Muna Singh a les traits d’un homme qui souffre. Les yeux et les joues bouffis par la fatigue, voilà trois heures qu’il attend sous un auvent en plastique, au rond-point de Gujar ki Thadi, à Jaipur. La chaleur frôle 40 degrés. «Tous les matins, à 7h30, nous sommes des dizaines à attendre qu’un chef de chantier nous embauche pour la journée», explique-t-il. Midi approche. Toujours rien. «C’est comme ça depuis deux ans. Le secteur de la construction est quasiment à l’arrêt», s’exaspère Muna Singh, qui travaille de dix à quinze jours par mois. «Moi, je travaille même pas dix jours», tonne une voix sortie de la cohue.
Harikesh Bugali, qui dirige un syndicat de défense des ouvriers journaliers, estime qu’ils sont ici entre 300 000 et 350 000 à vivre de petits boulots. Et dans l’Etat du Rajasthan, dont Jaipur est la capitale, il y a plus de deux...