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Brésil: Michel Temer, de l'ombre à la lumière présidentielle

Après l'ouverture formelle d'un procès en destitution de Dilma Rousseff, Michel Temer, 75 ans, va assumer la présidence, probablement jusqu'en 2018. Regard sur un homme qui semblait résigné aux seconds rôles honorifiques.

12 mai 2016, 15:20
C'est maintenant ou jamais pour ce politicien largement méconnu, qui a présidé trois fois la Chambre des députés.

Courtois, discret, conciliateur: le vice-président brésilien Michel Temer semblait résigné aux seconds rôles honorifiques... jusqu'à ce qu'il appuie sur la gâchette pour s'emparer du fauteuil présidentiel de Dilma Rousseff.

Après l'ouverture formelle d'un procès en destitution de l'impopulaire dirigeante de gauche votée par les sénateurs, M. Temer, 75 ans, va donc assumer la présidence, probablement jusqu'en 2018.

Cet avocat constitutionnaliste toujours tiré à quatre épingles remporte ainsi une âpre partie de poker menteur. Pendant de longs mois, il a dissimulé son jeu en habile bluffeur, visage impassible, figé par la chirurgie esthétique.

"Traître"

Tant pis si Dilma Rousseff le qualifie de "traître", de "chef de la conspiration".

Dirigeant depuis 15 ans le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), arbitre centriste de toutes les majorités de gouvernement depuis 1994, M. Temer a accumulé les rancoeurs en cinq ans de mariage de raison avec la dirigeante de gauche.

En décembre, ce conciliateur peu coutumier des coups d'éclat avait surpris en étalant son amertume dans une "lettre personnelle" à Mme Rousseff. Il lui reprochait de l'avoir toujours méprisé, traité en "vice-président décoratif".

Retranché depuis dans sa résidence de Brasilia, téléphone coupé pour la présidence, il a observé en silence l'embrasement de la crise politique brésilienne au mois de mars, l'affaiblissement inexorable de la cheffe de l'Etat.

 

Aussi impopulaire que Rousseff

L'heure avait sonné pour Michel Temer de passer enfin de l'ombre à la lumière. En vieux renard de la politique, il a orchestré le débarquement de son parti du gouvernement fin mars, un coup fatal pour sa désormais rivale.

C'est maintenant ou jamais pour ce politicien largement méconnu, qui a présidé trois fois la Chambre des députés. Car s'il devait briguer le pouvoir à la loyale lors d'une élection présidentielle, il n'obtiendrait qu'entre 1 à 2% des suffrages, selon un récent sondage. Les Brésiliens souhaitent son départ à peu près autant que celui de Mme Rousseff.

Le profil sans relief de ce cadet d'une fratrie de huit enfants, nés d'immigrants libanais en 1940 dans l'Etat de Sao Paulo, cache toutefois quelques surprises.

Michel Temer a publié en 2013 un recueil de poésie. Il a eu cinq enfants de trois mariages en quatre décennies. Son épouse actuelle est une ex-reine de beauté de 32 ans, enceinte de six mois, décrite comme "belle, réservée et au foyer" dans un récent portrait de la revue conservatrice Veja.

"Excès" du PT critiqué

M. Temer a longtemps joué les modestes. Quand ses partisans le recevaient il y a quelques mois, aux cris de "Temer président !", il répondait, gêné: "Pour l'instant, non merci. Nous allons attendre 2018".

Mais il avançait déjà par petites touches. Deux mois avant sa lettre de divorce à Dilma Rousseff, il avait publié une ébauche de programme économique intitulé "Un pont vers l'avenir". Il y critiquait les "excès" de la politique économique dépensière du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir.

 

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