Les Philippines ont enjoint la Chine jeudi de respecter le jugement international qui invalide les prétentions de Pékin sur l'essentiel de la mer de Chine méridionale. Cette mise en demeure envenime une querelle qui agite le spectre d'un conflit.
La Chine a réagi avec fureur au jugement de la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de la Haye. Pékin a martelé qu'elle ne respecterait pas cette décision tout en mettant en garde ses rivaux contre le risque de transformer la région en "berceau de la guerre".
Manille s'est dans un premier temps abstenue de demander à la Chine de respecter la sentence arbitrale. Position conforme au souhait du nouveau président Rodrigo Duterte de réussir un "atterrissage en douceur" dans les relations avec son puissant voisin.
Mer de Chine méridionale: Pékin met en garde contre le risque de "conflit" https://t.co/ucYB3NP9bi #AFP pic.twitter.com/nqy2upvikY
— Agence France-Presse (@afpfr) 13 juillet 2016
Sommet Europe-Asie
Mais l'archipel a durci le ton jeudi avec un communiqué précisant les intentions du ministre des Affaires étrangères Perfecto Yasay lors du sommet Europe-Asie (Asem) qui se tiendra vendredi et samedi en Mongolie, et auquel participera le Premier ministre chinois Li Keqiang.
"Le ministre Yasay discutera dans le cadre de l'ordre du jour de l'Asem de l'approche pacifique, fondée sur le droit, des Philippines de la question de la mer de Chine méridionale et de la nécessité pour les parties de respecter la récente décision du tribunal arbitral", a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
"Neuf pointillés"
Pékin revendique la quasi totalité de cette mer, soit 2,6 millions de kilomètres carrés - sur un total de plus de trois millions - , et se fonde pour cela sur une délimitation en "neuf pointillés" apparue sur des cartes chinoises des années 1940.
La Chine argue qu'elle est la première à avoir découvert, donné un nom et exploité cette région stratégique militairement comme économiquement (plus de 4500 milliards d'euros de fret y transitent chaque année).
Mais la CPA a jugé que les "droits historiques" revendiqués par la Chine dans "la ligne en neuf traits" n'avaient "aucun fondement juridique".
Elle a également dit que Pékin avait violé les "droits souverains" des Philippines dans leur zone économique exclusive (ZEE), c'est-à-dire dans les eaux allant jusqu'à 200 milles marins de leurs côtes.