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Médiation de la dernière chance

06 juil. 2011, 10:08

Ça passe ou ça casse. A court de stratagèmes pour rapprocher les antipodes, la Belgique joue son avenir sur les deux hommes qui incarnent ses déchirements. Flamands et francophones espèrent d'ici peu la réponse du conservateur Bart De Wever, champion de l'indépendantisme au Nord, à l'ultime compromis offert par le socialiste Elio Di Rupo, garant du Sud et dévoué à l'avenir du royaume.

Au bout de sept tentatives de conciliation orchestrées par le roi Albert II et de 432 jours sans gouvernement digne de ce nom, le jeu revient au point de départ: un vis-à-vis entre le francophone Di Rupo, vainqueur dans son camp des législatives de juin 2010, et le Flamand De Wever, chef du premier parti de Flandre régulièrement confirmé par les sondages. Les deux hommes ont jusqu'ici échoué à s'entendre. Mais le message des urnes se rappelle à eux: c'est aux vainqueurs qu'il revient de trancher ce qu'on appelle ici «le sac de nœuds».

Les partis des deux bords continuent de négocier. Paradoxalement, le débat s'est apaisé sur l'éclatement du royaume et sur une querelle empoisonnée: le tracé de la frontière linguistique à la périphérie de Bruxelles, capitale-région située en Flandre mais majoritairement francophone. Derrière ce calme apparent, la Belgique retient son souffle. Depuis quatorze mois, les enchères n'ont cessé de monter. En écho à l'impatience de l'opinion, le roi a marqué le point de non-retour le 16 mai en chargeant Elio Di Rupo de former enfin un gouvernement.

Le patron du PS francophone, homme d'appareil et fédéraliste grand teint, a, lui-même, joué son va-tout lundi: un projet de gouvernement sur lequel les neufs partis et surtout Bart De Wever devront se prononcer. A la surprise générale, Elio Di Rupo a renoncé à la vaine politique des petits pas. A chacun, il demande clairement de renoncer à ses tabous.

«Il n'y aura rien de meilleur», reconnaît le quotidien flamand «Het Laatste Nieuws». Les francophones pleureront le sort de 29 communes, abandonnées à la Flandre. Les Flamands, majoritaires, regretteront que l'État fédéral garde ses deux piliers, la sécurité sociale et la fiscalité. La gauche s'en prendra aux coupes claires dans les dépenses sociales. La droite dénoncera l'introduction d'un impôt sur la fortune, une première en Belgique.

Tout dépend maintenant de Bart De Wever, aussi rond dans les formes qu'il est carré en politique. Hier, il a gardé le silence, comme en observation. «Ce que les francophones appellent des pas de géant ne sont pour nous que des pas de nain de jardin. Sans doute pensent-ils la même chose de nous», lâchait-il récemment. L'Anversois a fait de l'inflexibilité sa marque de fabrique. Le programme Di Rupo le place devant un choix difficile: dire oui et y perdre de son âme, ou jouer le pourrissement au risque de voir une majorité s'assembler sans lui, côté flamand compris. Cette coalition serait bancale. Mais la Belgique, jamais en panne de créativité, aurait au moins un gouvernement.

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