Les salariés d'iTELE ont voté mercredi la fin de la grève, mettant fin après 31 jours de conflit au mouvement le plus long de l'audiovisuel privé. Près d'un tiers de la rédaction va quitter la chaîne, selon des grévistes.
"La société des journalistes (SDJ) a appelé ce matin à la reprise du travail dès que le protocole d'accord de sortie de crise à iTELE sera signé. Ce protocole n'est pas encore signé", a indiqué le président de la SDJ, Antoine Genton, à l'issue de l'assemblée générale.
La Société des journalistes d'iTélé, digne et debout, appelle à la reprise du travail, dès que le protocole d'accord sera signé.
— SDJ iTélé/Canal+ (@SDJiTele) 16 novembre 2016
Vingt-cinq journalistes ont annoncé leur départ mercredi, s'ajoutant à la dizaine qui était déjà en partance, selon des journalistes. Le journaliste politique Jean-Jérôme Bertolus part après le rédacteur en chef, Alexandre Ifi, le spécialiste de l'international Olivier Ravanello ou encore Amandine Bégot, qui présentait la tranche 17h-19h.
À mon tour, je quitte @itele la mort dans l'âme mais en conscience.Merci à tous pour ces 15 ans formidables avec des gens extraordinaires.
— Olivier Le Foll (@OlivierLeFoll) 16 novembre 2016
"D'autres décideront ensuite", a souligné un journaliste. Dès le début de la grève, la direction du groupe avait proposé de faciliter le départ de ceux qui voudraient quitter la chaîne.
À mon tour, en conscience, je vais quitter @itele. Ma Chaîne, ma Rédaction, ma Famille. Si triste mais si fier d'avoir été l'un des vôtres pic.twitter.com/LTeSvun6XG
— Guillaume Auda (@GuillaumeAuda) 16 novembre 2016
"Je me réjouis évidemment de la sortie de la grève, ça aurait sans doute pu être plus court", a commenté le directeur général du groupe Canal+ Maxime Saada, devant des journalistes. "On essaiera de remplacer les départs, mais ce n'est pas un engagement à remplacer chaque départ".
Engagements pris
"Nous sortons de ce conflit éreintés et meurtris, mais la tête haute, avec au coeur le sentiment d'avoir tenté de défendre notre honneur", déclarent les grévistes dans un texte publié par le site Les Jours. "Le dialogue avec la direction a été lent, difficile, rythmé par de trop nombreuses plages de silence", regrettent-ils.
"Nous n'avons pas obtenu le retrait de Jean-Marc Morandini (...) Mais nous avons obtenu des garanties sur l'indépendance de la rédaction. Une charte éthique sera rédigée, dans le cadre de la loi Bloche, dans les 4 mois", précisent les salariés.
Les journalistes s'étaient mis en grève initialement pour protester contre l'arrivée à l'antenne de Jean-Marc Morandi, imposée par le patron du groupe, Vincent Bolloré. "Morandini Live", l'émission de l'animateur mis en examen pour "corruption de mineur aggravée", a été diffusée plusieurs jours avant d'être suspendue par la direction de la chaîne pour le temps du conflit.
Bolloré continue tranquillement d'assassiner les chaînes du groupe canal. #Morandini devrait lui consacrer une spéciale Crimes. #itele
— Rémynou (@RemynouLeChat) 16 novembre 2016
"Pas une défaite"
"Ce n'est pas une défaite parce que c'était face à une direction obtuse. On a obtenu ce qu'on a pu obtenir", a déclaré le journaliste Jean-Jérôme Bertolus.
Les nombreux départs s'apparentent à "une hécatombe", a regretté Guillaume Auda, grand reporter de la chaîne, se demandant "si l'objectif de cette direction, c'est de bâtir un projet sur un champ de ruines".
"Nous devons remercier les journalistes d'iTELE d'avoir défendu l'indépendance éditoriale avec courage, ténacité et dignité", a indiqué sur son compte Twitter Christophe Deloire, le président de Reporters sans frontières, qui avait apporté son soutien aux grévistes.
Après avoir tué @canalplus, Bolloré exécute @itele.
— Max (@MaximeHaes) 16 novembre 2016
31 jours de grève, 25 démissions aujourd'hui, et pourtant.#JeSoutiensItele pic.twitter.com/OOwimY9enj