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Macédoine: le nouveau nom du pays est plébiscité, mais la forte abstention menace la validité du scrutin

Les citoyens de Macédoine ont voté dimanche sur le changement de nom du pays, en plébiscitant à plus de 90% la nouvelle appellation de "République de Macédoine du Nord". Le taux de participation de 34% menace cependant la validité du scrutin.

30 sept. 2018, 22:59
"Je pense que l'immense majorité des citoyens qui ont voté ont choisi la voie européenne", a déclaré le Premier ministre macédonien Zoran Zaev.

Les électeurs, qui ont voté dimanche sur le changement de nom de la Macédoine, ont plébiscité à plus de 90% la nouvelle appellation. Le taux de participation n'était cependant que de 34%, menaçant la validité du scrutin.

Selon les résultats de la commission électorale portant sur près de la moitié (43,57%) des suffrages, 90,72% des électeurs, qui ont pris part à ce scrutin consultatif, ont approuvé la nouvelle appellation de "République de Macédoine du Nord". A l'inverse, 6,26% ont voté contre.

"Je pense que l'immense majorité des citoyens qui ont voté ont choisi la voie européenne", a déclaré le Premier ministre social-démocrate Zoran Zaev devant la presse. Il n'a toutefois pas évoqué la forte abstention. Les deux tiers des électeurs n'étaient pas allés voter, une demi-heure avant la fermeture des bureaux, selon le dernier chiffre fourni par la commission électorale.

 

 

Zoran Zaev a ainsi semblé vouloir couper l'herbe sous le pied à son opposition qui pourrait attaquer la légitimité du scrutin en insistant sur ce point. Il a dit espérer que les députés de l'opposition de droite (VMRO-DPMNE) "respecteront la volonté démocratique des citoyens" en ratifiant au parlement l'accord. Faute de quoi, il a annoncé qu'il organiserait des "élections parlementaires anticipées".

Pour cette ratification à la majorité des deux tiers, Zoran Zaev et ses alliés des partis de la minorité albanaise (20 à 25% des 2,1 millions d'habitants de ce pays majoritairement slave) ont besoin de la défection d'une dizaine de députés de droite.

Nom imposé

Les promoteurs d'une campagne d'appel au boycottage orchestrée sur les réseaux sociaux, ont organisé un rassemblement dans la soirée devant le parlement. Ils étaient environ 300, une heure et demie après la fermeture des bureaux de vote.

 

 

La forte abstention ne peut uniquement s'expliquer par le beau temps et les électeurs de la seule diaspora, qui seraient 300'000 à 400'000 (sur 1,8 million), selon les estimations.

"Nous n'avons pas de problèmes de nom ou d'identité ici... Nous avons un problème sur le fait que quelqu'un d'autre nous l'impose", dit Ana Bobinkova Mijakovska, une professeure de philosophie de 47 ans, favorable au boycottage. Cet appel a été relayé par le président Gjorge Ivanov, proche de la droite nationaliste, dont le rôle est honorifique.

"Oui" pragmatique

La décision des électeurs qui ont glissé un bulletin "oui" a souvent été emportée par le pragmatisme plus que par l'enthousiasme. Le référendum "changera les choses si cela nous ouvre la porte de l'Europe et de l'OTAN", a ainsi expliqué Olivera Argirovska, une ancienne infirmière de 74 ans de Skopje, la capitale.

Pays pauvre qui a payé son isolement d'un marasme économique persistant, la Macédoine entend intégrer ces organisations, promesse de stabilité et de prospérité pour beaucoup. Cette quête est entravée par le veto de la Grèce, pour laquelle le nom de Macédoine est exclusivement celui de sa province septentrionale, autour de Thessalonique.

Depuis l'indépendance de cette ex-république yougoslave en 1991, les Grecs crient à l'usurpation d'identité, à la spoliation d'héritage, notamment de celui d'Alexandre Le Grand. Ils soupçonnent leurs voisins de dissimuler des ambitions territoriales.

Achevées en 2017, les années au pouvoir du VMRO-DPMNE ont encore tendu les relations. Le pays s'est alors couvert de statues et de références à Alexandre Le Grand et à son père Philippe de Macédoine.

Mais en juin, Zoran Zaev a signé un accord avec son homologue grec Alexis Tsipras : si le nom de "République de Macédoine du Nord" devait être adopté, Athènes cesserait de faire barrage à l'adhésion à l'OTAN et à l'UE.

"C'est du chantage"

Pendant la campagne, c'est sur cet enjeu qu'a insisté le pouvoir, recevant le soutien de responsables occidentaux. Mais les mots de "Macédoine du Nord" n'apparaissaient pas plus que dans la question du référendum : "Êtes-vous pour l'adhésion à l'UE et à l'OTAN, en acceptant l'accord" avec la Grèce ?".

"Je comprends ce que ressentent les Macédoniens (...), c'est du chantage", réagit Abedin Memeti, un membre de la minorité albanaise. "Mais l'UE et l'OTAN sont plus importantes pour nous tous", déclare le jeune homme qui a voté "oui".

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