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Les violences gagnent Tripoli

Le leader libyen Mouammar Kadhafi a appelé hier ses partisans à prendre les armes contre les manifestants. Parallèlement, les Occidentaux ont adopté leurs premières mesures pour mettre un terme au bain de sang, alors que les violences ont gagné Tripoli.

26 févr. 2011, 13:03

Critiqué à l'étranger, attaqué de toutes parts par une opposition armée qui contrôle désormais plusieurs villes, dont tout l'est, Mouammar Kadhafi a pris la parole pour la première fois devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli, en Libye.

«Nous allons nous battre et nous les vaincrons», a-t-il lancé à la foule au onzième jour de l'insurrection, partie de Benghazi, à 1000 km à l'est de Tripoli. «S'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple», a-t-il menacé, s'exprimant depuis des remparts surplombant la place Verte.

«La vie sans dignité n'a aucune valeur, la vie sans drapeaux verts n'a aucune valeur», a-t-il dit, ajoutant: «Chantez, dansez et préparez-vous.»

Le nombre de morts se compte par milliers et non par centaines, a affirmé l'ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l'ONU, Ibrahim Dabbashi. D'autres sources évoquent entre 300 et un millier de morts.

La contestation s'étend de l'ouest de Tripoli à Benghazi, dans des villes côtières ou proches des côtes de la Méditerranée, l'immense majorité du pays, à 93% désertique, étant épargnée par les combats.

A Tripoli, alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l'opposition armée, qui met en place une nouvelle administration, les forces pro-Kadhafi ont tiré sur des manifestants. Dans l'est de la ville, au moins deux manifestants ont été tués par des «miliciens» pro-Kadhafi dans le quartier populaire de Fachloum, selon un témoin. Dans ce quartier, tout comme celui de Ben Achour, des témoins ont signalé des «tirs nourris sur tous ceux qui se trouvent dans la rue».

Les partisans du «Guide», au pouvoir depuis plus de 40 ans, sont concentrés à Tripoli. Des responsables américains estiment que le maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi dépendra grandement d'un bataillon d'élite mené par son fils Khamis, tandis que le reste de l'armée subit une désertion massive.

Dans l'est du pays, à Tobrouk, un millier de personnes brandissant des drapeaux de la monarchie du roi Idriss Senoussi, qui s'est imposé comme un symbole de l'insurrection, ont manifesté. «Libye libre, Kadhafi dehors», ont-ils lancé.

Musratha, troisième ville du pays, à 150 km à l'est de Tripoli, a été désertée par les loyalistes à Kadhafi, mais des combats ont eu lieu sur une base aérienne proche qui ont fait de nombreux morts.

A l'ouest de Tripoli, dans la ville de Zawiyah (60 km), les combats entre opposants et partisans du régime ont fait «plus de 35 morts, peut-être même 50», a par ailleurs affirmé le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme.

Sur le plan diplomatique, les initiatives se multipliaient pour tenter d'infléchir sa politique de répression: réunion de l'ONU, propositions de sanctions et de mise en place d'une zone d'exclusion aérienne pour empêcher les avions militaires libyens de voler.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a réclamé dans une résolution la suspension de la Libye de ses rangs, ainsi qu'une enquête indépendante sur les violences.

Les Etats-Unis se dirigent de leur côté vers des sanctions multilatérales et unilatérales contre le régime libyen, a annoncé la Maison Blanche.

A l'étranger, l'indignation s'amplifie contre le pouvoir libyen, de plus en plus isolé après avoir été lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates, dont les ambassadeurs libyens à Paris, à Lisbonne, à Genève et à l'Unesco, ainsi que Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin de Mouammar Kadhafi.

Paris et Londres ont proposé au Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunissait hier, à 23h (heure suisse), à New York un projet de résolution prévoyant un embargo total sur les armes, des sanctions, et une saisie de la CPI pour crime contre l'humanité.

L'Union européenne a déjà décidé de décréter un embargo sur les armes et le matériel de répression, ainsi que des gels d'avoirs et des interdictions de visas à l'encontre de Mouammar Kadhafi et ses proches. Les sanctions pourraient entrer en vigueur dès le début de la semaine prochaine.

La Commission européenne a par ailleurs a débloqué trois millions d'euros pour répondre aux besoins humanitaires en Libye et dans les pays voisins. Face au chaos en Libye, les évacuations dans des conditions difficiles par terre, mer et air ont continué. /ats-afp-reuters

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