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Les services secrets pakistanais auraient aidé Oussama ben Laden

25 juin 2011, 11:55

Le trésor de guerre des Navy Seals continue de livrer ses secrets. Cette mine d'informations, récupérée par le commando américain lors du raid qui a tué Oussama ben Laden le 2 mai, pourrait se révéler explosive. Dans son édition d'hier, le «New York Times» laisse entendre que les services secrets pakistanais de l'ISI auraient aidé le chef d'al-Qaïda à se cacher dans la ville-garnison d'Abbottabad, via le groupe djihadiste pakistanais Harakat ul-Mujahideen (HUM).

L'ISI entretient des relations historiques avec le HUM, qu'il a lui-même créé dans les années 1980 pour lutter contre la présence soviétique en Afghanistan. Par la suite, la formation s'est reconvertie dans le djihad anti-indien au Cachemire. «Le Harakat est profondément enraciné dans la région d'Abbottabad et le réseau pourrait avoir augmenté les capacités de Ben Laden à vivre et à opérer au Pakistan», relève le quotidien américain. Ajoutant: «Ses leaders ont des liens très forts à la fois avec al-Qaïda et l'intelligence pakistanaise.»

Conversations téléphoniques épluchées

Ces complicités triangulaires ont été percées à jour par le relevé des appels sur le téléphone portable du «messager» de Ben Laden. L'homme, qui servait d'agent de liaison au chef terroriste, a été tué lors de l'opération contre le compound d'Abbottabad.

En épluchant ses conversations téléphoniques, les enquêteurs américains ont «déterminé que des commandants du Harakat avaient appelé des responsables de l'intelligence pakistanaise», relève le «New York Times», citant de hauts responsables américains. Ces derniers reconnaissent toutefois que «ces contacts ne concernaient pas nécessairement Ben Laden et sa protection, et qu'il n'y a aucune preuve montrant que les services de renseignement pakistanais ont protégé Ben Laden». Mais c'est une «piste sérieuse que nous sommes en train d'explorer», ont-ils ajouté.

L'ISI mais aussi l'armée pakistanaise sont soupçonnés d'avoir aidé Ben Laden à se réfugier à Abbottabad, lieu de villégiature pour militaires à la retraite situé à trois heures de voiture d'Islamabad. C'est aussi là que se trouve la prestigieuse académie militaire de Kakul. «La question de la complicité de l'armée pakistanaise et de l'ISI dans la cache de Ben Laden plane comme un nuage noir sur la relation entre le Pakistan et les Etats-Unis», a déclaré la semaine dernière Bruce Riedel, un ancien agent de la CIA. Pour calmer le jeu, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a lancé jeudi: «Selon nos informations, nous pensons que les responsables pakistanais ont été réellement surpris.»

Bouchées doubles

Reste que le président américain, Barack Obama, a pris soin de souligner, mercredi soir, qu'il était prêt à faire pression sur le Pakistan pour qu'il ne faiblisse pas dans sa lutte contre le terrorisme. Et, a-t-il averti, le cas échéant, les Etats-Unis n'hésiteront pas à mener des opérations unilatérales en territoire pakistanais. «Tant que je serai président, les Etats-Unis ne toléreront jamais qu'il existe un seul sanctuaire pour ceux dont l'unique but est de nous tuer», a lancé Barack Obama. «En sept ou huit ans, nous n'avons pas vu une seule menace terroriste émanant d'Afghanistan», a renchéri un responsable américain. «Depuis six ans, voire plus, toutes les menaces sont venues du Pakistan.»

A Islamabad, les analystes ne cachent pas leur inquiétude. Ils redoutent qu'après s'être retirés d'Afghanistan, les Etats-Unis mettent les bouchées doubles pour éliminer les rebelles qui se terrent dans les Zones tribales pakistanaises. En utilisant, notamment, les drones de la CIA. Très impopulaires au Pakistan, les attaques pourraient être menées contre le Pakistan à partir du territoire afghan. «Cela ne contribuerait pas seulement à aggraver les tensions entre le Pakistan et l'Afghanistan, cela voudrait dire que l'Amérique a déclaré la guerre au Pakistan», juge Riffat Hussain, professeur spécialisé dans la défense à l'université Quaid-i-Azam à Islamabad.

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