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Les rebelles encore très seuls sur le chemin de la révolution

Alors que la diplomatie européenne et américaine travaille à une résolution condamnant les crimes de Mouammar Kadhafi, les combats font rage, et la liste des victimes s'allonge heure après heure en Libyie.

08 mars 2011, 12:36

Mouammar Kadhafi a poursuivi hier sa riposte contre les insurgés en menant des raids à Ras Lanouf, poste avancé de la rébellion dans l'Est, tandis que la communauté internationale tergiversait sur une zone d'exclusion aérienne. L'ONU a pour sa part lancé un appel de 160 millions de dollars pour aider les victimes de cette crise.

Dans la matinée, deux raids aériens ont visé le port pétrolier stratégique de Ras Lanouf, pris vendredi par l'insurrection à 300 km au sud-ouest de Benghazi, selon un journaliste de l'AFP. Des combattants ont répliqué avec l'artillerie anti-aérienne. Une voiture civile a été touchée par ces frappes. L'état de ses occupants est incertain.

Selon un témoin, trois adultes et trois enfants s'y trouvaient. Il pourrait s'agir d'habitants qui, dès l'aube, avaient fui Ras Lanouf par crainte des combats qui avaient déjà chassé les insurgés de Ben Jawad, à une quarantaine de kilomètres plus à l'ouest, faisant au moins 12 morts et 50 blessés.

Sur la route, un véhicule équipé de haut-parleurs crachait des instructions aux insurgés: «N'allez pas au front devant l'armée. Le pétrole est entre nos mains».

A Misrata, 3e ville du pays tenue par l'opposition à 150 km à l'est de Tripoli, les combats dimanche ont fait 21 morts, dont un petit garçon de 2 ans et demi, et plus de 90 blessés, selon un médecin. Il a précisé que l'immense majorité des victimes étaient des civils.

Pendant ce temps, les diplomates français et britanniques travaillent sur un projet de résolution des Nations unies établissant une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, a annoncé hier un diplomate onusien. Le document pourrait être présenté cette semaine

«Il y a un sentiment d'urgence. On ne peut pas laisser la population se faire massacrer sans rien faire», a ajouté ce diplomate.

Pourtant cette zone d'interdiction aérienne est loin d'être acquise. Elle se heurte notamment aux oppositions de ceux qui soulignent qu'elle impliquerait des bombardements et qui craignent qu'elle ne soit perçue comme un acte de guerre occidental sur le sol arabe.

La Russie a notamment fait savoir hier son hostilité à toute intervention militaire étrangère en Libye. «Les Libyens doivent trouver par eux-mêmes une solution à leurs problèmes», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. La Ligue arabe soutient pour sa part le projet, a assuré le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Quant aux Etats-Unis, ils sont encore «loin d'une décision», a déclaré Hillary Clinton. Pourtant la pression montait à Washington autour du président Barack Obama pour fournir une assistance militaire aux insurgés et neutraliser l'aviation libyenne, soit par une zone d'interdiction aérienne, soit par une destruction des pistes des aéroports.

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a pour sa part estimé que les attaques contre des civils en Libye pouvaient être considérées comme des crimes contre l'humanité et que la communauté internationale ne pourrait pas rester passive si elles se poursuivaient. Il a cependant répété que l'Otan n'avait «pas l'intention d'intervenir» sans mandat de l'ONU.

De son côté, l'ONU a lancé un premier appel de 160 millions de dollars pour venir en aide aux personnes touchées par la crise libyenne. Selon l'organisation, un million de personnes devrait en avoir besoin. «Cet appel sera révisé d'ici deux semaines en fonction de l'évolution des besoins», a déclaré la cheffe du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) Valérie Amos. Le directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) William Lacy Swing a souligné que seulement 15% environ des immigrés vivant en Libye ont quitté le pays. Malgré une baisse du flot de migrants à la frontière tunisienne ces derniers jours, l'OIM craint un nouvel afflux. Il a demandé à tous les pays de garder leurs frontières ouvertes. /ats-afp-reuters

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