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Les nouveaux types de conflits complique la tâche du CICR

Le passage de conflits internationaux à des conflits entre factions au sein d'un même Etat complique la tâche du Comité international de la Croix Rouge.

30 sept. 2013, 08:34
La Croix Rouge doit de plus en plus intervenir sur des conflits entre des forces gouvernementales et des rebelles comme ici aux Philippines.

Au cours des vingt dernières années, les conflits armés internationaux sont devenus plus rares. La guerre entre différents pays a cédé la place à des affrontements entre un Etat et des groupes armés ou des combats entre factions rebelles. Ces violences souvent intercommunautaires impliquent une multitude d’acteurs qui complexifient la situation.

A l'occasion du 150e anniversaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le chef de la délégation d'Afrique de l'Est Christoph Luedi analyse de quelle façon cette transformation de la nature du conflit a également eu un impact sur la mise en œuvre du mandat de l'organisation: la protection et l’assistance aux victimes des conflits armés, notamment les détenus.

Droit humanitaire bafoué

«Au départ, un conflit à l'intérieur d'un pays se déroulait entre le gouvernement et un groupe rebelle, comme en Amérique centrale par exemple. Aujourd'hui s'y ajoutent le terrorisme, des réseaux globaux, cela nous a forcés à nous adapter», relève M. Luedi, lors d'une interview à Nairobi.

Actuellement, il n'y a presque plus «prisonniers de guerre», car les conflits directs entre deux Etats sont devenus plus rares. Dans cet environnement plus confus, le droit humanitaire est fréquemment bafoué. Or, une des missions du CICR est de veiller à son respect sur le terrain et les conditions de détention représentent un important enjeu pour l’organisation.

Le droit international humanitaire fait en effet une distinction entre conflits armés internationaux et non-internationaux et la notion de «prisonnier de guerre» est très spécifique, elle ne concerne que les personnes emprisonnées lors des conflits armés internationaux.

Les détenus de Guantanamo par exemple n'étaient pas définis par les Etats-Unis comme prisonniers de guerre, mais comme combattants ennemis. Or, les personnes emprisonnées au motif de la lutte contre le terrorisme, ou détenues dans le cadre d’un conflit interne, ne sont pas protégées par le statut de prisonnier de guerre figurant dans les conventions de Genève.

Réputation en jeu

Les Etats signataires ont l'obligation de laisser le CICR visiter les prisonniers de guerre, mais si les détenus n'entrent pas dans cette définition, «à nous de convaincre les autorités que c'est dans l'intérêt du pays de collaborer, de fournir des conditions de détention appropriées, selon les standards internationaux, car c'est leur réputation sur la scène internationale qui est aussi en jeu», analyse M. Luedi qui travaille au CICR depuis vingt ans.

«Parfois ce sont les autorités elles-mêmes qui nous sollicitent, poursuit-il. Djibouti l’a fait en 2010. Le gouvernement souhaite par exemple avoir des conseils pour améliorer ses infrastructures pénitentiaires ou profiter de notre expérience dans d’autres types de situations», comme les prises d’otages par exemple.

Ces dernières années, l’institution genevoise a régulièrement dû agir en qualité d’intermédiaire neutre entre des gouvernements et divers groupes armés, afin d’assurer le retour en toute sécurité des personnes libérées après avoir été kidnappées.

En février de l’année dernière, le CICR a par exemple organisé le transfert vers Nairobi (Kenya) de 29 ressortissants chinois qui avaient été pris en otage par le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N).

Importance du réseau

Afin d’avoir le feu vert de chaque partie concernée, le CICR a dû collaborer avec les ambassades de Chine à Nairobi et au Soudan, les autorités kenyanes et soudanaises, ainsi que le SPLM-N.

«Le CICR a facilité cette opération pour des raisons humanitaires, précise M. Luedi, mais nous n’avons pas participé aux négociations ayant conduit à la libération. Nous avons organisé le transport des ressortissants chinois du Soudan du Sud au Kenya».

Devant la multiplication des factions rebelles, souvent affiliées à des groupes terroristes, le CICR a dû changer son approche. «Nous avons dû introduire des mécanismes permettant de facilement échanger des informations, afin de comprendre tous ces réseaux, travailler de manière globale avec des acteurs influents», analyse-t-il.

Avec une présence dans plus de 80 pays et plus de 12'000 collaborateurs, le CICR dispose «des connaissances, de l’expérience et des contacts qui facilitent ce travail».

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