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Les islamistes gagnent du terrain au Pakistan

Des milliers de Pakistanais ont bravé hier les menaces de violences pour assister aux funérailles à Lahore (est) du gouverneur du Pendjab, assassiné la veille en raison de son opposition à la loi sur le blasphème. Selon les experts, ce meurtre révèle la progression des idées islamistes dans la société.

06 janv. 2011, 04:15

Salman Taseer, 66 ans, figure du parti du peuple pakistanais (PPP) au pouvoir qui n'hésitait pas à critiquer ouvertement l'islamisme, a été abattu par un de ses gardes. Ce dernier a vidé son chargeur d'arme automatique sur lui et l'a criblé de 29 balles en plein jour, sur le parking d'un centre commercial de la capitale Islamabad. Le premier ministre Yousuf Raza Gilani et des milliers de partisans du PPP ont assisté aux prières funéraires au siège du gouvernement du Pendjab avec un peu de retard en raison de dangereux mouvements de foule.

Enveloppé dans un drapeau aux couleurs nationales vert et blanc, le cercueil de Salman Taseer a été transporté par hélicoptère dans un cimetière proche situé dans une enclave militaire de Lahore, et mis en terre. Yousuf Gilani avait décrété la veille trois jours de deuil national, en appelant au calme pour éviter de violents rassemblements, comme le pays en a connus dans le passé après des assassinats politiques. Celui de Salman Taseer est le plus important au Pakistan depuis l'attentat suicide fin 2007 contre l'ancien premier ministre Benazir Bhutto.

L'assassinat de mardi a notamment été condamné par l'ONU, l'Union européenne et les Etats-Unis. Ces derniers, alliés d'Islamabad, réclament au Pakistan d'en faire plus contre les rebelles islamistes sur son sol. Les puissants cercles conservateurs religieux pakistanais se sont, eux, bien gardés de condoléances. L'un des principaux, la Jamaat-e-Ahl-e-Sunnat Pakistan, a estimé que personne ne devait pleurer la mort de Salman Taseer.

Il a souligné que cela devait servir de «leçon» aux politiciens, intellectuels et autres médias, dans un communiqué signé par 500 responsables religieux (oulémas). Ces 500 oulémas ont également salué le «courage» et le zèle religieux de l'assassin. Ils ont affirmé que son acte emplissait de fierté les musulmans du monde entier. L'assassin présumé a été emmené à bord d'un véhicule de police blindé pour comparaître devant un tribunal. L'assassinat de Salman Taseer et les menaces proférées contre d'autres personnalités libérales soulignent, selon plusieurs analystes, la profonde progression de l'extrémisme religieux dans toute la société pakistanaise.

Il intervient alors que le gouvernement, minoritaire au parlement, est désormais à la merci de l'opposition, qui peut le faire tomber si elle s'unit pour déposer une motion de censure. Son chef Nawaz Sharif avait lancé mardi un ultimatum à Yousuf Gilani, lui donnant trois jours à partir de la fin du deuil national pour annoncer des réformes. /ats-afp

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