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Les deux mises en examen de Tariq Ramadan pour viols maintenues

La justice française maintient les deux mises en examen pour viols contre l’islamologue genevois Tariq Ramadan.

14 mars 2019, 15:01
L'intellectuel musulman a été remis en liberté mi-novembre.

La cour d'appel de Paris a rejeté jeudi la demande de levée des deux mises en examen pour viol réclamée par l'islamologue genevois Tariq Ramadan. La chambre de l'instruction a confirmé la décision des juges qui avaient considéré l'été dernier cette requête "prématurée".

L'intellectuel musulman, remis en liberté mi-novembre, est mis en examen depuis le 2 février 2018 pour deux viols, dont un sur personne vulnérable. Il conteste fermement ces accusations. M. Ramadan est accusé de viols le 9 octobre 2009 à Lyon sur une femme surnommée Christelle dans les médias et, au printemps 2012 à Paris, sur une ancienne salafiste devenue militante laïque, Henda Ayari.

Jusqu'à une volte-face retentissante en octobre, après neuf mois de détention provisoire, Tariq Ramadan, 56 ans, avait persisté à nier tout rapport sexuel avec ces deux plaignantes. Contraint par l'enquête à changer de version, il plaide désormais des relations de domination "consenties".

Tariq Ramadan avait demandé dès l'été dernier aux juges d'instruction de le placer sous le statut intermédiaire de témoin assisté, première étape vers le non-lieu qu'il réclame. Recours "prématuré", lui avaient répondu les trois magistrats instructeurs. A l'époque, l'intellectuel niait encore tout rapport physique avec les plaignantes. Il avait seulement fini par admettre des relations extraconjugales avec d'anciennes maîtresses et une troisième plaignante, pour laquelle il n'est pas inculpé.

Mi-janvier, la cour d'appel a donc examiné à huis clos l'appel formé par Tariq Ramadan contre cette décision. Mais entre-temps, la donne a changé. Tariq Ramadan a reconnu en octobre une relation sexuelle avec chacune des deux plaignantes.

Position intenable

La position de l'islamologue était devenu intenable depuis la révélation en septembre de centaines de SMS sans ambiguïté exhumés d'un vieux téléphone de Christelle.

Les magistrats qui se sont prononcés sont ceux qui avaient, à la surprise générale, remis en liberté Tariq Ramadan mi-novembre, après cette volte-face.

Le bras de fer entre les parties tourne désormais autour de l'abondante correspondance sexuelle de M. Ramadan avec les deux femmes, qui a fragilisé leur témoignage tout en documentant, selon les parties civiles, "l'emprise" du prédicateur.

En premier lieu, la datation d'un SMS de Christelle où elle écrit que Tariq Ramadan lui a "manqué" dès qu'elle a "passé la porte" est au coeur des débats. A-t-il été envoyé après les faits, comme le soupçonnent les enquêteurs de la brigade criminelle, ou plusieurs semaines avant, à la suite d'un jeu érotique sur Skype, comme l'affirme Christelle ?

Des messages de Mme Ayari, envoyés après la date des faits, ont également été analysés. Ils contiennent des propositions sexuelles mais également des reproches de violence et de manipulation.

Quatrième plainte en Suisse

De manière constante depuis leur plainte, en octobre 2017, Henda Ayari et Christelle ont décrit chacune un premier rendez-vous qui a basculé dans rapports sexuels brutaux et contraints. Toutes deux ont aussi invoqué l'emprise exercée par l'islamologue, par des mensonges, des manipulations et des menaces, corroborées par des témoignages d'autres femmes.

En avril 2018, une quatrième femme a déposé plainte en Suisse, entraînant l'ouverture d'une instruction à Genève. Tariq Ramadan n'a pas encore été entendu dans cette procédure, son audition en février ayant été annulée.

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