Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les Chinois ont mal à leur alimentation

08 juil. 2011, 10:03

Une plaisanterie fait fureur sur internet en Chine. On aime dire que, ces dernières années, les citoyens chinois ont fait d'énormes progrès en chimie, grâce aux scandales de sécurité alimentaire. Qu'ils ont appris sur la paraffine avec le riz toxique, sur le clenbutérol avec la viande de porc «améliorée», sur le cyclamate de sodium avec les haricots secs. Et la liste est longue.

A côté des problèmes d'expropriation, les scandales de sécurité alimentaire ont fini par devenir l'une des principales causes de colère publique. Au point de sérieusement inquiéter les autorités, qui y voient une menace pour la stabilité sociale.

Ces dangereuses libertés prises avec la santé publique revêtent parfois un tour presque cocasse. Le mois dernier, des parterres de pastèques se sont transformés en véritables champs de mines, quand elles ont littéralement explosé en série, après avoir été semble-t-il arrosées avec un produit chimique permettant d'augmenter leur taille…

Pains toxiques

L'un des derniers scandales - des pains à la vapeur toxiques -, a fait du bruit, parce qu'il avait pour cadre Shanghaï, vitrine économique du pays, et non une province reculée. La télévision officielle CCTV a montré que les produits étaient pourtant bien marqués du sceau du contrôle qualité national. Mais que les inspecteurs n'allaient jamais plus loin que le bureau des cadres de l'usine.

L'affaire la plus spectaculaire reste celle du lait contaminé par la mélamine, en 2008, qui a causé la mort d'au moins six bébés et rendu malades quelque 300 000 autres. Dans la Chine de l'enfant unique, l'ire avait été immense.

Lait empoisonné

La course au profit rapide fait perdre toute retenue ou prudence. Et la répression de ces fraudes potentiellement criminelles ne semble pas dissuasive. Trois ans après ce retentissant scandale du lait, et après des condamnations à mort et l'exécution de deux responsables, la police vient de découvrir 26 tonnes de lait contaminé avec le même produit chez un fabricant de glaces du sud de la Chine.

En mars, trois enfants sont morts après avoir bu du lait empoisonné cette fois-ci par des nitrates. Pékin a alors annoncé qu'au moins 20% des entreprises laitières du pays pourraient perdre leur licence.

«Déclin moral»

Le premier ministre Wen Jiabao a récemment reconnu que ces scandales alimentaires étaient l'inquiétant symptôme d'un «déclin moral» et d'une «perte d'intégrité» ayant atteint un niveau très sérieux. Et plus largement, risquaient de nourrir le «doute» de la population sur l'efficacité du Parti pour la protéger.

«Le gouvernement s'attaque sérieusement au problème, mais il est immense», estime le professeur Wang Shiping, de l'Université de l'agriculture. «Il y a des millions d'entrepreneurs peu informés, de la corruption bien sûr, mais aussi trop d'administrations qui agissent sans cohérence et sont actives quand il y a des revenus à tirer mais absentes dès qu'il faut prendre des responsabilités.»

Jusqu'à la peine de mort

En février dernier, le Conseil d'Etat (le gouvernement chinois) a mis sur pied un «comité de sécurité alimentaire», sous l'autorité du vice-premier ministre Li Keqiang, donné comme successeur de Wen Jiabao en 2012. Une loi sur la sécurité alimentaire a été promulguée en 2009, prévoyant des amendes allant jusqu'à dix fois la valeur des produits incriminés, et la perte de licence pour les cas sérieux. Mais devant la gravité de la situation, les sanctions sont montées de plusieurs crans.

Le mois dernier, la Cour suprême chinoise a ordonné aux juges de tout le pays de durcir les sentences, avec de longues peines de prison, pour les cadres corrompus comme pour les fabricants. Incitant même à infliger la peine de mort pour les empoisonnements ayant fait des victimes.

La toute-puissance des cadres locaux et leurs accointances avec les industriels, sans véritables contre-pouvoirs, limite les effets de l'arsenal répressif. Une évidence que les dirigeants communistes ont fini eux-mêmes par reconnaître, puisqu'ils viennent d'appeler à plus de «liberté de la presse» pour la couverture des problèmes de sécurité alimentaire. Sur ce sujet, et celui-là seulement.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias