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Les banques américaines sont mises sous pression par la loi Dodd-Frank

Les banques américaines sont confrontées à un durcissement de la régulation destiné à renforcer la stabilité du système financier. Celui-ci devrait peser sur leurs bénéfices et les forcer à revoir leur manière de gagner de l'argent, parfois aux dépens des consommateurs.

28 sept. 2010, 08:23

«Les nouvelles réglementations devraient renforcer la solidité des banques mais pourraient avoir des conséquences négatives» en «pesant sur leur rentabilité, parfois de façon conséquente», remarque l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's (SP) dans une note.

La loi Dodd-Frank, adoptée en juillet, porte un coup quasi fatal au courtage en nom propre, les opérations de marchés que les banques font pour leur propre compte.

Jusqu'en 2007, ces activités ainsi que «les fonds spéculatifs sponsorisés par les banques, représentaient des sources importantes de bénéfices», notamment pour les banques d'investissement comme Goldman Sachs, constate Vandana Sharma, analyste chez SP. Mais le vent a tourné avec la crise: les banques ont été accusées d'avoir fragilisé le système financier en prenant trop de risques sur les marchés pour leur propre compte, et la loi Dodd-Frank plafonne dorénavant ces activités à 3% de leurs fonds propres durs.

En conséquence, Goldman Sachs est en train de fermer ces activités. Selon la presse financière, JPMorgan Chase serait en train de faire de même tandis que Bank of America envisagerait de vendre les siennes. Citigroup avait, elle, déjà vendu en octobre Phibro, son activité de courtage en nom propre de matières premières.

«Il y a trop d'attention» des autorités et du public autour de ces activités, et, vu les restrictions, «les banques préfèrent tout simplement les fermer», remarque Brian Bethune, analyste de IHS Global Insight.

La loi Dodd-Frank, qui va mettre plusieurs années à entrer pleinement en vigueur, entend aussi imposer plus de transparence à l'énorme marché des produits dérivés, aussi opaque que lucratif, d'où est partie la plus grave crise financière depuis les années 1930. Les banques ont désormais l'obligation d'échanger tous les produits dérivés normalisés par le biais de chambres de compensation, ce qui a amené plusieurs d'entre elles, notamment Goldman Sachs et Bank of America, à créer des services maison pour ces opérations de règlement entre créanciers et débiteurs réciproques.

Des mesures qui vont «entraîner une augmentation du coût des opérations sur les produits dérivés», observe Brian Bethune. Autre atteinte à leurs bénéfices, une nouvelle loi encadre les frais sur les découverts bancaires. Le PDG de Bank of America, Brian Moynihan, a prévenu à la mi-septembre que sa banque compenserait ces pertes de revenus potentielles en faisant payer certains comptes-chèques ou en relevant leur solde minimum. «Toutes les banques ont dit publiquement qu'elles devraient continuer à gagner de l'argent et que si on ne les laissait pas faire payer les découverts, elles» feraient payer autre chose, note Vandana Sharma. Selon elle, «la croissance des banques devrait se normaliser» car les autorités américaines «ne veulent plus de périodes d'excès suivies de périodes de crise».

Les banques américaines pourraient donc fermer des agences et réduire leur réseau, et le système financier devrait devenir «plus sûr et plus transparent». Toutefois, il faut s'attendre à «moins de croissance du chiffre d'affaires» dans les prochains mois, conclut-elle.

Plus sceptique, Peter Morici, professeur à l'Université du Maryland, juge que «ces nouvelles exigences vont prendre du temps à être mises en place et vont rendre les prêts bancaires plus chers», sans pour autant réduire les risques.

Pour lui, les banques vont simplement «transférer leurs activités risquées vers des entités hors bilan, comme l'a fait la Grèce» pour masquer l'étendue de sa dette. /ats-afp

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