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Le Sénat pourrait basculer à gauche

23 sept. 2011, 11:11

Le Sénat va-t-il passer à gauche, pour la première fois depuis l'après-guerre? Dimanche, lors des élections sénatoriales, le PS et ses alliés pourraient devenir majoritaires à la Haute Assemblée, jusqu'alors bastion de la droite et du centre. La perte du Sénat serait un revers sérieux pour Nicolas Sarkozy à huit mois de la présidentielle.

«Nous conserverons six à 12 sièges de majorité», veut croire Gérard Larcher (UMP), président du Sénat. «La gauche peut gagner», rétorque Jean-Pierre Bel, président du groupe PS au Sénat, «mais nous sommes pénalisés par un mode de scrutin injuste». La Haute Assemblée représente les collectivités locales. Or, le collège électoral des élections sénatoriales est composé pour plus de 90% de délégués des conseils municipaux. Pour Jean-Pierre Bel, ce mode de scrutin accorde un avantage injustifié aux petites communes, en majorité à droite et au centre, au détriment des villes moyennes et grandes, des départements et des régions.

Possible coude-à-coude

«La gauche a gagné les élections municipales de 2008, elle gère la majorité des départements et la quasi-totalité des régions», a répété le sénateur de l'Ariège, proche de François Hollande pendant la campagne. «Si nous ne devenons pas majoritaires au Sénat maintenant, on peut se demander ce qu'il faudrait pour que l'alternance se produise enfin à la Haute Assemblée.» Il reste que le mode de scrutin a déjà été réformé en 2003 pour renforcer le poids des villes moyennes et grandes au sein du collège électoral des élections sénatoriales.

Actuellement, l'UMP ne dispose plus que d'une majorité relative au Palais du Luxembourg. Et les très bons résultats de la gauche aux municipales de 2008 ont renforcé mécaniquement son poids parmi les grands électeurs. Il est donc d'ores et déjà acquis que le PS et ses alliés vont gagner des sièges dimanche. D'autant que, pour la première fois, c'est presque la moitié du Sénat, et non le tiers comme auparavant, qui va être renouvelé

Un écart de 23 sièges

La seule incertitude - mais de taille - tient à l'ampleur de la progression de la gauche. Près d'un grand électeur sur deux n'a pas d'étiquette politique. Si l'on en reste à l'arithmétique, le PS, les communistes, les Verts et les divers gauche deviendraient majoritaires au Sénat s'ils gagnaient 23 sièges. La gauche pourrait alors, en bonne logique, porter un des siens à la présidence de la Haute Assemblée.

Mais il est possible aussi que droite et gauche, flanquées de leurs alliés respectifs, se trouvent au coude-à-coude dimanche soir, ce qui donnerait lieu à d'intenses tractations de couloir jusqu'à l'élection du président du Sénat, le samedi 1er octobre. «C'est avec 27 ou 28 sièges (réd: supplémentaires pour la gauche) qu'on fait basculer le Sénat», affirmait Gérard Larcher voilà trois semaines. «Rien ne se passe avant le 25e siège.»

Le scrutin concernera les départements classés par ordre alphabétique entre l'Indre-et-Loire et les Pyrénées-Orientales, les départements d'Ile-de-France ainsi que six départements et territoires d'outre-mer. Les Français de l'étranger éliront six sénateurs. Dans les départements peu peuplés (Orne, Vosges), le vote a lieu au scrutin majoritaire à deux tours. Dans les départements très peuplés (Bas-Rhin, Seine-et-Marne), qui désignent au moins quatre sénateurs, l'élection se déroule à la proportionnelle. Au total, 58 des 170 sénateurs élus dimanche seront désignés au scrutin majoritaire et 112 à la proportionnelle. Moins connus que les députés, les sénateurs disposent d'une influence réelle.

En cas de désaccord entre l'Assemblée et le Sénat, le gouvernement peut certes demander aux députés de statuer en dernier ressort. Mais Matignon utilise cette faculté avec parcimonie.

Du général de Gaulle à Nicolas Sarkozy, seule une loi sur dix a été adoptée en donnant le dernier mot aux députés. De surcroît, aucune réforme de la Constitution n'est possible sans l'accord du Sénat.

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