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Le retour de «Baby Doc», dictateur presque oublié

L'ancien président «à vie» haïtien Jean-Claude Duvalier, surnommé «Baby Doc» est revenu en Haïti dimanche après 25 d'exil en France. Portrait.

18 janv. 2011, 11:48

«Baby Doc», revenu en Haïti dimanche, avait pris le pouvoir à Port-au-Prince à 19 ans. Il avait perpétué une longue dictature dans le pays le plus pauvre du continent américain. A 59 ans, le fils de l'ancien dictateur François Duvalier dit «Papa Doc», a choisi le premier anniversaire du séisme meurtrier pour réapparaître sur la scène publique en Haïti. «Je suis venu pour aider», a-t-il déclaré à son arrivé à Port-au-Prince après avoir embrassé le sol.

Chassé du pouvoir par une révolte populaire en 1986 après 15 ans de règne absolu à Port-au-Prince, Jean-Claude Duvalier reste une personnalité controversée même après un quart de siècle d'absence. Les autorités d'Haïti estiment que plus de 100 millions de dollars ont été détournés sous le couvert d'œuvres sociales jusqu'à la chute en 1986 de «Baby Doc». Ces prélèvements systématiques sur des entreprises d'Etat notamment auraient été transférés en partie dans des banques suisses.

Berne a essayé d'accélérer la restitution des fonds Duvalier, surtout après le séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010, mais s'est heurtée à la résistance en justice de la famille Duvalier. Par ailleurs, des plaintes pour «crime contre l'humanité» ont été déposées contre lui en France, son pays d'accueil.

Jean-Claude, né le 3 juillet 1951 à Port-au-Prince, ne semblait pas préparé, lors de son accession au pouvoir à l'âge de 19 ans, à diriger la première république noire des Amériques. Son père qui régnait depuis 1957 était mort le 21 avril 1971. Le lendemain, «Baby Doc» prêtait serment et devenait le plus jeune chef d'Etat du monde. Sa silhouette lourde, ses difficultés d'élocution, sa timidité, son visage lunaire et son goût pour les uniformes baroques n'ont pas donné de lui l'image d'un dictateur implacable, ni d'un technocrate tiers-mondiste.

Témoin depuis l'arrivée de son père au pouvoir - alors qu'il n'avait que 7 ans - de toutes les intrigues, disgrâces, arrestations, exécutions, bombardements de palais et de 11 tentatives de coups d'Etat, Jean-Claude, selon ses intimes, a été profondément marqué par la violence. Il avait, à l'âge de 11 ans, échappé à un violent attentat au cours duquel trois de ses gardes du corps avaient été tués. Crédité même par ses pires ennemis d'avoir mis fin aux disparitions et exécutions sommaires, «Baby Doc» a tenté une timide libéralisation.

Mais sur le fond, le régime restait le même: coupé d'un peuple jamais consulté démocratiquement, soumis au contrôle rigide de la milice «les Tontons macoutes» et surveillé par la vieille garde duvaliériste surnommés «les dinosaures».

Pourtant, il avait changé la constitution, épuré l'armée et mis au pas les «Macoutes», prononcé en 1977 une amnistie générale, crée une ligue haïtienne des droits de l'Homme, et proposé des élections libres. Mais selon ses opposants, ce n'était là que des concessions faites aux exigences de la politique des droits de l'Homme de l'administration du président américain Jimmy Carter.

Après son mariage avec Michele Bennett, riche héritière protestante et divorcée, issue de la bourgeoisie mulâtre - c'est-à- dire symbole de l'ancien régime haï par les duvaliéristes noirs, catholiques et pauvres - il avait freiné la libéralisation. La presse était revenue sous contrôle. Les quelques opposants restés dans le pays ont été assignés à résidence, entre deux séjours en prison.

Emporté par une révolte populaire en 1986, «Baby Doc» avait été poussé à la démission par les Etats-Unis. La France avait alors accepté de l'accueillir, à titre temporaire. L'ex-président avait ensuite profité d'une retraite dorée dans de vastes demeures de la Côte d'Azur. /ats-afp

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