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Le représentant de RSF à Ankara inquiet pour les médias en Turquie

Reporter sans frontières (RSF) Suisse a invité jeudi à Berne son homologue d'Ankara, Erol Öndergolu, à venir faire le point sur la situation médiatique turc. Selon ce dernier, la situation serait dramatique alors que son procès pour "propagande terroriste" débute mardi prochain.

03 nov. 2016, 19:38
Incarcéré avec deux autres militants le 20 juin dernier pour "propagande terroriste" en faveur des rebelles kurdes, Erol Önderoglu avait participé à une campagne de solidarité avec le quotidien pro-kurde Özgür Gündem.

Reporter sans frontières (RSF) Suisse a invité jeudi à Berne le représentant de RSF à Ankara, Erol Önderoglu, à venir faire le point sur la situation des médias en Turquie. Il a dressé un état des lieux pessimiste, alors qu'il sera lui-même jugé mardi prochain.

"Les défenseurs des droits de l'homme, les médias critiques, toute forme de production artistique ou critique sont désormais exclus de la perception du public en Turquie. Le gouvernement joue beaucoup à les discréditer au quotidien", a déclaré Erol Önderoglu. Il estime que le journalisme est "banni" par le gouvernement.

Incarcéré avec deux autres militants le 20 juin dernier pour "propagande terroriste" en faveur des rebelles kurdes, le Franco-Turc avait participé à une campagne de solidarité avec le quotidien pro-kurde Özgür Gündem.

Remis en liberté conditionnelle dix jours plus tard avec une seconde personne grâce aux pressions étrangères, il verra son procès débuter mardi 8 novembre à Istanbul. Il risque jusqu'à 15 ans de prison.

Plus de 100 journalistes incarcérés

De nombreuses critiques étaient déjà émises par RSF et d'autres ONG concernant l'indépendance de la justice et des médias avant le coup d'Etat du 15 juillet dernier. Depuis que le gouvernement a instauré l'état d'urgence, "la Turquie a basculé vers un système davantage arbitraire et basé sur la garantie d'impunité", affirme Erol Önderoglu.

L'auteur du rapport "Etat d'urgence, Etat arbitraire" paru mi-septembre souligne qu'il y a aujourd'hui "106 représentants des médias derrière les barreaux". Plus de 85 journalistes proches de la mouvance pro-Gülen ou issus des médias pro-kurdes ont été incarcérés dans le pays depuis l'état d'urgence.

Le pays "manque de garanties en termes de recours à une justice indépendante", relève-t-il. Il mentionne notamment la saisie des passeports des journalistes, les détentions sans avocat pendant cinq jours ou des gardes à vue de 30 jours.

Avec ce mode arbitraire, "toute liberté d'expression et de presse est automatiquement violée. La Cour européenne des droits de l'homme n'a même pas de valeur symbolique", souligne-t-il. Il pense d'ailleurs que les pressions contre les médias "ne sont pas à bout".

 

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