Le changement climatique tue beaucoup de bébés manchots en Argentine, selon deux études publiées mercredi aux Etats-Unis. Il pourrait aussi affecter ces oiseaux dans l'Antarctique.
En provoquant une plus grande fréquence d'événements météorologiques extrêmes - tempêtes, pluies diluviennes, vagues de chaleur - le réchauffement climatique fait des ravages parmi les plus jeunes oiseaux de la plus grande colonie de manchots de Magellan, en Patagonie, dans le sud de l'Argentine, selon une recherche de l'université de Washington parue dans la revue scientifique "PLOS ONE".
Les chercheurs ont suivi pendant 27 ans (1983-2010) 3496 petits manchots de moins de trois mois.
Durant la période étudiée, la plus grande partie des oisillons sont morts de faim. Mais certaines années, une grande partie a succombé aux pluies diluviennes faute d'avoir, à cet âge, un plumage imperméable. Cette absence de protection leur a aussi été fatale durant des vagues de chaleur, car cela les a empêchés de plonger dans l'eau pour se rafraîchir comme le font les adultes.
Au total, 7% des morts annuelles de petits manchots ont été imputés au changement climatique, avec, pour certaines années, un taux de 43%, voire 50%.
Deux premières semaines
Les deux premières semaines de décembre sont les plus meurtrières:. Les oisillons ont à ce moment-là moins de 25 jours, et ont été confrontés à un nombre croissant d'événements météorologiques extrêmes de 1983 à 2010, précisent les auteurs.
"Il s'agit de la plus longue étude à montrer un impact majeur du changement climatique sur la survie des jeunes manchots et la reproduction de ces oiseaux", souligne Dee Boersma, professeure de biologie de l'université de Washington et auteur de la recherche.
"On ne peut rien faire pour atténuer les effets néfastes du changement climatique, mais il est possible d'agir pour éviter que la plus grande colonie de manchots de Magellan ne soit privée de nourriture en créant une réserve marine protégée, où ces oiseaux puissent chercher leur nourriture et élever leurs petits", a-t-elle ajouté.
Une seconde étude, menée par Amélie Lescroël du centre d'écologie fonctionnelle et évolutive en France, également publiée mercredi dans "PLOS ONE", montre que le réchauffement climatique pourrait affecter les sources de nourriture des manchots de Terre-Adélie, dans l'Antarctique, compromettant leur survie.