La reine Beatrix des Pays-Bas va abdiquer mardi en faveur de son fils le prince Willem-Alexander. Il deviendra à 46 ans le plus jeune souverain en Europe. Maintes personnalités participeront à cet événement que célébrera aussi la population.
Après 33 ans de règne, la reine Beatrix signera l'acte d'abdication en milieu de matinée. Peu après, Willem-Alexander, son épouse Maxima et leurs trois filles, ainsi que l'ex-reine Beatrix, salueront la foule depuis le balcon du palais royal.
Il sera intronisé et non couronné, une nuance marquant la séparation entre l'Église et la monarchie aux Pays-Bas. La cérémonie se déroulera dans une église du centre d'Amsterdam en présence de nombreux notables.
Le gotha sera représenté mais, comme l'exige le protocole, aucune tête couronnée n'y assistera. Ce seront par exemple le prince Charles d'Angleterre et son épouse Camilla, le prince Albert II de Monaco, le prince Philippe de Belgique et son épouse Mathilde ou les héritiers du Danemark, de Norvège et du Lichtenstein.
Le président du Conseil européen Herman van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso sont attendus, entre autres personnalités. La Suisse représentée par l'ambassadeur qaux pays-Bas Markus Börlin. L'ex-secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et le président du Comité international olympique Jacques Rogge figurent sur la liste des invités.
Des absents
Manquera toutefois le frère aîné du nouveau roi, Johan Friso. Celui-ci est dans le coma depuis un accident de ski en février 2012.
Autre absence: la famille de la future reine Maxima. En raison de son passé de secrétaire d'État sous la dictature argentine de Jorge Videla, le père de Maxima Jorge Zorreguieta n'est pas le bienvenu lors de cette cérémonie officielle. L'Argentine sera représentée par le vice-président Amado Boudou.
Chanson critiquée
Quelque 800'000 visiteurs vêtus de la couleur nationale, l'orange, devraient investir les rues d'Amsterdam pour l'occasion. La ville a prévu six emplacements pour les manifestations anti-royalistes.
Des républicains prévoient de manifester pacifiquement en arborant des vêtements blancs. Ils protestent notamment pour obtenir une réduction du salaire annuel du roi: 825'000 euros (1,01 million de francs).
De nombreux concerts et fêtes de rue sont prévus dans tout le pays. Les 17 millions de Néerlandais seront aussi invités à chanter la chanson officielle de l'événement, très critiquée pour ses paroles et son improbable mélange de styles.
Tradition et modernité
Le jeune roi va succéder à trois reines et une régente. Il sera aussi le premier souverain d'une nouvelle génération de monarques européens, dont la moyenne d'âge est actuellement de 71 ans.
Lors d'un récent entretien télévisé, il a assuré que lui et son épouse ne sont pas des "fétichistes" du protocole. "Les gens peuvent m'appeler comme ils le souhaitent afin qu'ils se sentent à l'aise", a-t-il dit. Il affirme vouloir être un monarque du 21e siècle conciliant tradition et modernité.
Le rôle du monarque a évolué depuis la création en 1815 du Royaume des Pays-Bas. Depuis 2012, le souverain ne participe plus à la formation du gouvernement, le parlement ayant repris ce rôle, mais il signe les lois.
"Prince Pils"
Passionné de sport, Willem-Alexander va se consacrer pleinement à la fonction royale. Il a renoncé aux postes qu'il occupait au CIO et au Conseil consultatif de l'eau du secrétaire général des Nations unies.
Willem-Alexander fut surnommé "Prince Pils" dans les années 80, pour son goût pour la bière ingurgitée lors de soirées étudiantes. Son diplôme d'histoire en poche, il s'est prépare à la fonction royale. Il devient notamment pilote de chasse.
Il est perçu comme plus proche de la population et plus progressiste que sa mère. Selon son épouse, il est "intelligent, tendre, fort, et il a les deux pieds sur terre".
Le train de vie du couple a parfois été vivement critiqué. En 2009, il revend une luxueuse maison de vacances en construction au Mozambique sous la pression d'une opinion hostile en raison de l'extrême pauvreté de ce pays.