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Le président Ben Ali quitte le pouvoir sous la pression de la rue

Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a quitté hier le pays pour une destination inconnue, après 23 ans de règne sans partage. Son premier ministre a annoncé qu'il allait assurer l'intérim. La tension ne faiblit toutefois pas: l'espace aérien tunisien demeure fermé et l'état d'urgence a été décrété.

15 janv. 2011, 12:12

Le premier ministre Mohammed Ghannouchi a annoncé hier soir à la télévision assurer l'intérim de la présidence en remplacement de Zine El Abidine Ben Ali, qui «était temporairement dans l'incapacité d'assumer ses devoirs».

«Conformément à l'article 56 de la Constitution (...), j'assume provisoirement à partir de cet instant la charge de président par intérim», a annoncé Mohammed Ghannouchi, 69 ans.

Cet article dispose qu'«en cas d'empêchement provisoire, le président de la République peut déléguer par décret ses attributions au premier ministre à l'exclusion du pouvoir de dissolution de la chambre des députés».

Le nouveau président s'est engagé à «respecter la Constitution et à mettre en œuvre toutes les réformes sociales et politiques (...) qui ont été déjà annoncées en collaboration avec les partis politiques et les composantes de la société civile».

Mohammed Ghannouchi, a lancé un appel à l'unité des Tunisiens, en annonçant qu'il assume désormais le pouvoir. «J'appelle les Tunisiens toutes sensibilités politiques et régionales confondues à faire preuve de patriotisme et d'unité», a été déclaré solennellement.

Paris a réagi en prenant «acte de la transition constitutionnelle annoncée par le premier ministre Ghannouchi». L'ancien président, Zine El Abidine Ben Ali, confronté à une crise sans précédent, a quitté hier la Tunisie, ont indiqué à l'AFP deux sources proches du gouvernement.

Son avion survolait en début de soirée l'espace aérien maltais «en direction du nord», a indiqué un porte-parole du gouvernement maltais.

Paris a exclu avoir reçu une demande d'accueil de la part du président tunisien. «Au cas où cette demande se présenterait, la France apporterait sa réponse en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes», selon le Quai d'Orsay.

La tension n'a toutefois pas faibli en Tunisie, où des tirs ont été entendus hier soir, malgré le couvre-feu.

Le départ du président a été précédé par une série de mesures: instauration de l'état d'urgence, dissolution du gouvernement et annonce de législatives anticipées. Ces décisions visaient à calmer la foule qui continuait de réclamer son départ.

«L'état d'urgence signifie que les rassemblements de plus de trois personnes sont interdits, que les armes seront utilisées par les forces de l'ordre lorsqu'un suspect refusera d'obtempérer et, troisièmement, qu'un couvre-feu sera en vigueur de 17h à 7h pour une durée indéterminée», a-t-on déclaré à l'antenne.

L'armée a également pris hier en fin d'après-midi le contrôle de l'aéroport international de Tunis Carthage, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire. L'espace aérien a été fermé.»

Ces tours de vis surviennent alors que les heurts se sont poursuivis dans la journée d'hier, malgré la promesse de Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, de ne pas briguer de nouveau mandat en 2014.

Cela n'a pas suffi pour les milliers de manifestants, qui se sont réunis devant le Ministère de l'intérieur à Tunis pour réclamer la démission immédiate du chef de l'Etat. Selon un journaliste de l'agence Reuters présent sur les lieux, quelque 8000 personnes étaient rassemblées devant le bâtiment. «Ben Ali assassin!», scandaient certains.

Cette manifestation a été dispersée à coups de gaz lacrymogène par la police, alors que des coups de feu ont été entendus. En quelques minutes, la rue s'est vidée de la foule et quelques manifestants ont lancé des pierres, des chaises et des parasols de terrasses de cafés en direction des policiers. /ats-afp-Reuters

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