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Le Portugal vire franchement à droite

06 juin 2011, 11:55

Les Portugais ont voté hier sans entrain pour décider qui, des socialistes sortants ou du centre-droit donné favori, formera le gouvernement chargé d'appliquer le rigoureux plan d'aide international censé sortir leur pays de la crise. La participation s'annonce faible.

Malgré les nombreux appels à la mobilisation, la participation pourrait être exceptionnellement faible, 41,98% des électeurs ayant voté à 17 heures, soit moins qu'aux dernières législatives de 2009 caractérisées par un taux d'abstention record de plus de 40%.

Dans la matinée, le président de la Commission européenne et ancien Premier ministre portugais José Manuel Barroso avait appelé les électeurs à s'exprimer «massivement», estimant que ces législatives anticipées étaient «les élections les plus importantes» depuis celles d'avril 1975 qui ont consacré le retour de la démocratie.

Le centre-droit était favori dans les sondages

La veille, le président de centre-droit Anibal Cavaco Silva avait lui aussi souligné le caractère «décisif» de ce scrutin qui intervient «à un moment crucial» pour le Portugal, troisième pays de la zone euro victime de la crise de la dette, après la Grèce et l'Irlande l'an dernier.

Selon les sondages réalisés en fin de semaine, le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit) pourrait l'emporter d'une courte tête alors que son président Pedros Passos Coelho s'est engagé à aller «au-delà» des exigences de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) en matière de privatisations et de réformes.

Plus de 9,6 millions d'électeurs doivent renouveler les 230 députés du Parlement, dissous fin mars après la démission du Premier ministre socialiste José Socrates, désavoué par le rejet d'un quatrième plan d'austérité en moins d'un an.

Deux semaines plus tard, José Socrates avait été contraint d'en appeler à l'aide internationale, l'Etat portugais ne parvenant plus à se financer en raison de la hausse des taux d'intérêt exigés sur les marchés.

Lourdement endetté (160 milliards d'euros fin 2010), le Portugal a fini l'année 2010 en récession avec un déficit public à 9,1% du PIB et un chômage à plus de 11%.

Accusé par ses adversaires d'avoir mené le pays à la «banqueroute», José Socrates, 53 ans, au pouvoir depuis mars 2005, a rappelé pendant la campagne qu'il avait «lutté de toutes ses forces» contre le recours à une aide extérieure qui, selon lui, aurait pu être évitée si l'opposition, et en particulier le PSD, n'avait pas rejeté son plan d'austérité.

«Ils ont déclenché cette crise politique pour faire venir le FMI et appliquer plus facilement un programme ultralibéral», a-t-il répété à longueur de discours.

Contrairement à la Grèce et l'Irlande, au Portugal, tous les partis, à l'exception de la gauche antilibérale, se sont engagés à respecter strictement les conditions du prêt de 78 milliards d'euros négocié par le gouvernement démissionnaire en échange d'un programme de rigueur et de réformes sur trois ans.

Accord des partis

«Nous savons que nous allons vivre une période très difficile. Les deux, trois prochaines années vont être pénibles», a réaffirmé Pedros Passos Coelho, 46 ans, après avoir voté à Amadora, une banlieue populaire de Lisbonne.

«Je suis sûr que le Portugal renouera avec la prospérité», a-t-il néanmoins ajouté, disant attendre «un grand résultat» du scrutin. A moins d'une majorité absolue, les sociaux-démocrates devront négocier un accord de coalition avec le CDS-PP, parti de droite avec lequel ils ont déjà gouverné à plusieurs reprises dans le passé, notamment quand José Manuel Barroso, ancien président du PSD, était Premier ministre.

Les bureaux de vote ont fermé à 20h00. Les premières estimations seront connues une heure plus tard en raison d'un décalage horaire sur l'archipel des Açores. Les résultats complets seront annoncés le 15 juin après le dépouillement des votes de l'étranger. / ats-afp

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