Lors de cette dernière audience publique, Benoît XVI a évoqué "les eaux agitées" de son pontificat et assuré que "Dieu ne laisse pas couler la barque" de l'Eglise.
Plus de 150'000 personnes se sont rassemblées sur la place St-Pierre pour écouter Benoît XVI une dernière fois. L'applaudissant fréquemment, elles ont brandi des drapeaux et des banderoles disant "merci" dans toutes les langues.
Le pape démissionnaire a fait un long tour de la majestueuse place en papamobile décapotée. Voûté et frêle, mais souriant et ému, à l'approche de ses 86 ans, il s'est arrêté à plusieurs reprises pour embrasser des bébés et des enfants.
Lors de cette 348ème et ultime audience publique, il a exprimé sa confiance dans l'Eglise et les simples fidèles rencontrés sur les cinq continents. Il les a remerciés longuement dans plusieurs langues, du portugais à l'arabe, de l'italien au polonais.
Eaux agitées
"Je suis vraiment ému et je vois l'Eglise vivante", a-t-il lancé à plusieurs reprises, en réponse aux acclamations de la foule qui scandait son nom en italien.
L'accent était mis sur la confiance dans l'avenir. Mais, durant le pontificat, a-t-il reconnu, "il y a eu aussi des moments pas faciles, dans lesquels les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l'histoire de l'Eglise".
Le pontificat de Benoît XVI a été ponctué de controverses et de scandales - pédophilie, VatiLeaks, Banque du Vatican - et en proie à des rivalités au sein de la Curie.
"Le Seigneur semblait dormir, mais j'ai toujours su que la barque de l'Eglise n'est pas mienne, n'est pas nôtre mais qu'elle est Sa barque et qu'Il ne la laisse pas couler", a souligné Benoît XVI. Il faisait référence à un célèbre passage de l'Evangile où les apôtres s'affolent dans la tempête sur le lac de Tibériade, le Christ endormi à côté d'eux dans la barque.
"Dieu guide son Eglise, la soutient toujours et aussi dans les moments difficiles", a-t-il insisté. Dans une dernière recommandation, il a demandé aux catholiques de prier pour les cardinaux qui devront élire son successeur en conclave le mois prochain.
Dernier tweet
Benoît XVI a envoyé simultanément à ses 2,5 millions de "followers" ce qui pourrait être le dernier tweet de son pontificat, leur demandant de redécouvrir "la joie d'être chrétien".
Dans la foule, de nombreux laïcs, mais aussi des religieux, dont une soixantaine de cardinaux. "C'est vraiment une joie pour nous d'être là aujourd'hui pour ce moment historique", confiait Alban, qui étudie au séminaire français de Rome.
Anna Santamaria, retraitée d'Orte (près de Rome), qui voulait "le voir une dernière fois, dit "comprendre sa décision, à son âge c'est trop difficile". Alors que Leonardo Rossi, un jeune de l'Opus Dei, n'est pas du même avis: "Ce n'était pas le moment, avec tous les problèmes que traverse l'Eglise".
Si l'audience a respecté le même déroulé que les autres, il n'y a en revanche pas eu de "baciamano", ce défilé de personnes qui ont le privilège de baiser l'anneau du pape, et d'échanger quelques mots avec lui. Le pape ne voulait marquer aucune différence en ce moment de départ.
Retraite discrète
Le pape allemand est le premier pontife depuis 1294 à décider librement de renoncer à sa charge. Il avait annoncé le 11 février qu'il n'avait plus les forces d'assumer sa fonctions face aux défis d'un monde en pleine mutation.
Jeudi à 20h00, Joseph Ratzinger quittera le Vatican, sans cérémonie, pour se retirer sous le titre de "Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite" dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo. Puis il s'installera au couvent Mater Ecclesiae, situé dans l'enclave vaticane.