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Le nouveau combat des Berbères

27 sept. 2011, 10:49

Yunes Elharaz h?site encore ? reprendre son nom berb?re d'Anmmutur. Mais il s'est promis de donner ? son premier enfant, ? na?tre bient?t, un pr?nom de son peuple. Les ?Amazighen? (Amazigh au singulier), comme ils s'appellent ici, sur leurs terres haut perch?es du Djebel Nefousa, ont relev? la t?te depuis le d?but de l'insurrection contre le colonel Kadhafi. Premiers ? s'insurger, en m?me temps que les Arabes de Benghazi, ? l'autre extr?mit? du pays, les Berb?res, qui vivent dans l'ouest, le long de la fronti?re tunisienne, m?nent aujourd'hui un double combat, militaire et politique, pour la reconnaissance de leur langue et de leur identit? dans la future Libye, celle de l'apr?s-Kadhafi.

A Jadu, la bourgade de 15 000 ?mes o? Yunes Elharaz a vu le jour, les embl?mes, slogans et drapeaux berb?res, interdits sous Kadhafi, ont fleuri. Dans plusieurs b?timents officiels d?sormais aux mains des rebelles tr?nent des portraits de Souleiman al-Barouni, l'?crivain et homme politique qui mena la r?sistance des Amazighen ? l'occupant italien dans le Djebel Nefousa, ? la veille de la Premi?re Guerre mondiale.

Les femmes donnent des cours de langue

Contrairement ? toutes les autres villes arabes de Libye, o? l'ann?e scolaire s'est interrompue au commencement de la r?bellion en f?vrier dernier, ? Jadu les enfants continuent de prendre le chemin de l'?cole, chaque jour en fin d'apr?s-midi. Alors que leurs maris et fils partaient au front, un groupe de femmes a pris l'initiative de dispenser des cours de tamazight, la langue berb?re. Ces ma?tresses n'arborent que des voiles l?gers, qui ne leur couvrent pas enti?rement la chevelure. Un ?tranger peut les regarder en face, alors qu'? Zenten et dans les autres bourgades arabes du Djebel Nefousa, il ne peut apercevoir fugitivement que des niqabs noirs. Encourag?s par ces ma?tresses n?es avec la r?volution, les enfants de Jadu ?crivent au tableau les curieux symboles tamazight, r?citent quelques le?ons dans cette langue qu'il leur ?tait interdit de parler sous Kadhafi, puis, align?s sous le pr?au, entonnent, en l'honneur du visiteur, le nouvel hymne de la Libye libre.

Juste ? c?t? de cette ?cole, ? la terrasse du caf? sur la place centrale, les hommes parlent politique. Fathi Anfusi, qui a particip? au premier congr?s des Berb?res libyens, organis? en 2005 ? Agadir (Maroc), est intarissable. ?Nous, les Berb?res, nous avons plus souffert que les Arabes sous Kadhafi?, assure-t-il. ?Nous avons toujours ?t? d?sign?s comme des criminels, des agents du Mossad, de la CIA ou des services secrets fran?ais. Se?f al-Islam (le fils du dictateur) vient encore de dire ? la t?l?vision que les Berb?res veulent venir ? Tripoli pour tuer des Arabes. Mais nous nous battons tous, Berb?res et Arabes, pour une Libye libre.?

L'exemple marocain

Khalifa Amdurakal, un voisin un peu plus ?g?, rench?rit: ?Si nous avons pris les armes, c'est pour nous battre pour la libert? de tous les Libyens! Notre premier objectif?, poursuit-il, ?c'est de lib?rer la Libye. Notre combat amazigh passe apr?s.? Apr?s peut-?tre, mais pas bien loin derri?re. Dans chaque ville ou bourgade berb?re, les ?tudiants les plus ?duqu?s, ceux qui parlent l'anglais, ont pris les r?nes de la communication et de nombre de centres de d?cisions des rebelles. Ils sont g?n?ralement des partisans engag?s de la cause amazigh. A Yefren, un joli bourg perch? sur son piton rocheux, Madighis Bouzakhar et son fr?re Mazigh veillent ainsi sur Le Media Center, le journal berb?re qu'ils ?crivent et sur une association de d?fense et de promotion de la langue et de la culture tamazight. Les deux fr?res, en relation avec les autres activistes berb?res du Djebel Nefousa, ont r?cemment ?crit un courrier au Conseil national de transition qui, ? Benghazi, fait office de gouvernement de la r?bellion. Cette missive, qui porte le cachet des villes berb?res du Djebel Nefousa, reproche au projet de Constitution de la nouvelle Libye de ne pas reconna?tre le tamazight, ? c?t? de l'arabe, comme l'autre langue officielle du futur ?tat. L'exemple marocain, premier pays maghr?bin ? reconna?tre ces deux langues officielles dans sa Constitution, fait des envieux en Libye. ?Ici, nous risquons d'?tre encore demain victime de discrimination?, s'inqui?te Madighis, qui ne veut pas plus entendre parler de l'islam comme de l'unique religion du nouvel ?tat. ?Toutes les religions doivent ?tre reconnues?, affirme le jeune homme. ?On se bat pour la libert?, pour la d?mocratie, pas pour revenir en arri?re, comme sous Kadhafi.?

?Dans le projet de constitution?, r?pond ? distance Salem Badrani, qui tient provisoirement les r?nes de la mairie de Jadu, ?il est donn? ? chacun le droit de s'exprimer dans sa langue. Nous pouvons cr?er toutes les ?coles que nous voulons dans le Djebel Nefousa. Mais ce serait une faute politique aujourd'hui de batailler pour la reconnaissance du tamazight comme langue officielle. Amazighen et Arabes, nous nous battons ensemble, et Kadhafi n'attend qu'un pr?texte pour tenter de nous diviser.?

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