«Le feu couve sous la cendre. Avec une légère brise, il peut se développer en un grand feu. Il n'est pas facile de prédire quand viendra le moment, mais cela ne sera pas long», a déclaré à la presse l'avocate iranienne, interrogée sur une propagation des révolutions arabes en Iran.
«La raison en est la situation économique désastreuse en Iran. Les Iraniens deviennent chaque jour plus pauvres. Plus de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté», a affirmé Shirin Ebadi.
Elle a souligné que chaque semaine, de nouvelles manifestations sont organisées dans les principales villes en Iran. «Quoiqu'il arrive, j'espère que le changement sera pacifique et qu'il n'y aura pas de bain de sang», a ajouté la Prix Nobel.
«Nous ne voulons pas voir l'Iran se transformer en une deuxième Libye», a-t-elle dit. «Nous ne voulons pas que les rues de nos villes soient le théâtre d'une guerre civile», a insisté l'opposante iranienne.
Elle a fait remarquer en même temps que la différence avec les événements en Egypte et Tunisie est que dans ces deux pays, l'armée a refusé de tirer contre les manifestants et a déclaré sa neutralité. En Iran, a-t-elle dit, ce sont les gardiens de la Révolution qui détiennent le pouvoir.
La Prix Nobel a espéré que les pays membres du Conseil des droits de l'homme soutiennent le projet de résolution présenté par les Etats-Unis créant un poste de rapporteur spécial de l'ONU pour l'Iran afin de pouvoir enquêter sur place. Ce poste avait été supprimé en 2003.
Depuis cinq ans, Téhéran refuse la visite de tous les experts de l'ONU. Le Conseil doit se prononcer au terme de sa session, dans la semaine du 21 mars, sur ce projet de résolution.
Shirin Ebadi a aussi demandé aux pays de l'Union européenne (UE) de décider des sanctions contre les individus mêlés à la répression en Iran afin de geler leurs avoirs à l'étranger et de leur interdire de voyager.
«Ce sont les actes qui comptent. Il est temps que les Européens mettent leurs actes en conformité avec leurs principes» de protection des droits de l'homme, a souligné la Prix Nobel.
Le président de la Ligue iranienne des droits de l'homme et vice-président de la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh) Karim Lahidji a précisé qu'une liste de 80 noms a été adressée le mois dernier à la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
Il s'agit, selon la Fidh, de responsables iraniens de massacres et de violations des droits de l'homme depuis 2009. Karim Lahidji s'est déclaré confiant. La société iranienne est à 70% urbaine et les moins de 30 ans forment les deux tiers de la population. «Cette génération est décidée à en finir avec le régime depuis 32 ans au pouvoir», a-t-il dit.
«Les jeunes sont prêts à aller jusqu'au bout. Le régime a montré qu'il est très nerveux en plaçant le mois dernier les chefs de l'opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi en résidence surveillée», a fait remarquer le vice-président de la Fidh. /ats-afp