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Le candidat du Hezbollah nommé premier ministre

Le candidat du puissant Hezbollah, le milliardaire Najib Mikati, a été chargé mardi de former le futur gouvernement au Liban. Sa nomination a été dénoncée par son rival, Saad Hariri, dont des milliers de partisans ont manifesté parfois violemment dans plusieurs villes.

26 janv. 2011, 17:14

Cette nomination «n'est pas une victoire d'un camp contre l'autre. C'est la victoire de la réconciliation», a affirmé Najib Mikati après sa rencontre avec le président Michel Sleimane. Ce sunnite de 55 ans, a dit «tendre la main à toutes les parties». Il a annoncé qu'il entamerait demain ses consultations.

Le camp du premier ministre en exercice, Saad Hariri, a d'ores et déjà affirmé qu'il boycotterait tout cabinet dirigé par un candidat du Hezbollah.

De son côté, le chef de ce mouvement armé chiite, Hassan Nasrallah, a appelé le camp Hariri à participer à ce cabinet. «Les Libanais ont une véritable chance de s'unir sur la base de ni vainqueur ni vaincu», a-t-il déclaré lors d'un discours retransmis devant des milliers de partisans à Baalbeck. L'annonce de la nomination de Najib Mikati a été précédée par des manifestations à l'appel des partisans de Saad Hariri accusant le Hezbollah de «coup d'Etat». Les protestataires ont dénoncé ce qu'ils perçoivent comme une victoire du mouvement chiite soutenu et financé par l'Iran et comme une mainmise de Téhéran sur le Liban.

A Tripoli, où la majorité des écoles et des commerces ont fermé, des milliers de personnes ont manifesté en portant des drapeaux libanais et des photos de Saad Hariri. Certains ont brûlé une photo de Najib Mikati, originaire de Tripoli. «Le projet iranien ne passera pas par Tripoli», lisait-on sur les pancartes. Des sources médicales ont fait état de 20 blessés. Une foule en colère a aussi attaqué et incendié un véhicule de transmission satellite d'Al-Jazira, considérée comme sympathisante du Hezbollah. Elle a aussi saccagé le bureau d'un député rival à Tripoli.

A Beyrouth, les manifestants ont incendié des bennes et des pneus. Des coups de feu ont été tirés en l'air. L'armée était déployée en force dans plusieurs régions. Najib Mikati, un magnat des télécoms, a obtenu le soutien de 68 députés sur les 128 du pays. La coalition de Saad Hariri avait le contrôle du Parlement après les législatives de 2009. Toutefois, avec le changement de camp des alliés de Mikati et de ceux du leader druze Walid Joumblatt, c'est le camp du Hezbollah qui détient désormais de facto la majorité parlementaire.

Le gouvernement d'union de Saad Hariri a chuté le 12 janvier lorsque les ministres du Hezbollah et de formations alliées au mouvement chiite en ont claqué la porte. Cette crise politique est liée à l'enquête du Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) sur l'assassinat de Rafic Hariri, père de Saad, le 14 février 2005 à Beyrouth. Le Hezbollah, qui accuse cet organe d'être instrumentalisé par les Etats-Unis et Israël, s'attend à être mis en cause.

Avant de faire chuter son gouvernement, le mouvement chiite avait pressé Saad Hariri de récuser le TSL, ce qu'il a refusé. Des responsables politiques alliés au Hezbollah ont prévenu que la première priorité du nouveau gouvernement serait de rompre les liens avec le TSL. Le poste de premier ministre est réservé par tradition à la communauté sunnite au Liban.

Un candidat du Hezbollah à la tête du gouvernement fait craindre à la communauté internationale la formation d'un cabinet pro-iranien, ce que nie le Hezbollah, considéré comme un groupe terroriste, par les Etats-Unis. /ats-afp

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