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Le bilan des émeutes s'alourdit en Tunisie

Les émeutes se poursuivent en Tunisie malgré les promesses du président Zine el Abidine Ben Ali de créer 300 000 emplois. Hier, la situation était particulièrement chaotique à Kasserine, dans le centre-ouest du pays, après une nuit de violences policières qui porterait le nombre de tués à plus de 50, selon les syndicats.

12 janv. 2011, 12:22

«C'est le chaos à Kasserine après une nuit de violences, de tirs de snipers, pillages et vols de commerces et de domiciles par des effectifs de police en civil qui se sont ensuite retirés», a témoigné hier Sadok Mahmoudi, membre de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT, centrale syndicale). Le président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, Me Mokhter Trifi, a confirmé cette version de faits.

«Une opération de commandos téléguidée a été organisée la nuit dernière pour piller et faire accréditer la thèse du complot avancée par le régime», a assuré Me Trifi. «Des bandes cagoulées ont semé le chaos sous les yeux des forces régulières qui se sont ensuite retirées à l'extérieur de la ville», a-t-il ajouté. Selon lui, ces actes «visent à faire accréditer la version des autorités qui ont «attribué les émeutes du week-end à des pilleurs parmi la population». Un fonctionnaire local ayant requis l'anonymat a aussi décrit «une situation de chaos» dans cette ville à 290 km au sud de Tunis, confirmant des tirs de snipers postés sur les toits et des forces de police tirant sur des cortèges funèbres.

Aux dires du Ministère de l'intérieur, des manifestants ont attaqué des postes de police de la ville avec des barres de fer et des cocktails Molotov et les policiers, dont huit ont été blessés, ont répliqué.

«Le nombre de tués a dépassé les cinquante» ces trois derniers jours, a indiqué Sadok Mahmoudi. Mokhter Trifi a lui fait état d'un «grand nombre» de tués. De son côté, le Ministère tunisien de l'intérieur a annoncé la mort lundi de quatre nouveaux émeutiers à Kasserine, portant le bilan officiel des troubles à 20 morts, auxquels il faut ajouter deux suicides.

Le personnel médical de l'hôpital de Kasserine a débrayé durant une heure pour protester contre le nombre élevé de victimes et la gravité des blessures. D'après plusieurs témoins, dans les villes défavorisées d'El Kef et de Gafsa, le discours télévisé de Ben Ali, qui a promis de créer 300 000 emplois en deux ans, a été suivi de manifestations dispersées à coups de gaz lacrymogènes par la police anti-émeutes.

La contestation a été qualifiée par le président Ben Ali d'«acte terroriste (...) dirigé par des éléments étrangers». Pour endiguer le mouvement étudiant, les autorités ont ordonné la fermeture de toutes les écoles et universités du pays à partir d'hier et jusqu'à nouvel ordre. Le gouvernement tunisien est confronté à une mobilisation persistante, et sans équivalent en 23 ans de pouvoir du président Ben Ali, qui se double d'une pression diplomatique nouvelle depuis l'annonce de plusieurs morts ce week-end.

Dans un discours télévisé lundi soir, le président Ben Ali a annoncé une création globale de 300 000 emplois d'ici la fin 2012, dont 50 000 dans le secteur privé en échange de réduction d'impôts et de cotisations sociales pour les employeurs pendant dix ans. /ats-afp

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