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La zone euro adopte un plan de relance âprement négocié

28 oct. 2011, 11:30

«On a jugulé la menace d'un déstabilisation de l'ensemble de la zone euro», s'est réjoui hier le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, devant les eurodéputés. Et les marchés financiers, euphoriques, semblent y croire. Au terme de huit heures d'âpres négociations, les Dix-Sept ont réussi à tracer dans la nuit les grandes lignes d'un plan global de sortie de crise, qui se recoupent toutes et que les grands argentiers européens devront encore enrober de substance.

Grèce sous perfusion

 Les Dix-Sept et le FMI ont modifié le deuxième plan d'aide qu'ils avaient élaboré en juillet. Ils lui accorderont 100 milliards d'euros de prêts, jusqu'à 2014. Par ailleurs, ils garantiront à concurrence de 30 milliards d'euros le remboursement des emprunts d'Etat grecs.

C'est un geste qu'ils ont consenti en faveur des créanciers privés du pays (banques et fonds d'investissement), qui ont pour leur part accepté «volontairement» une décote de 50% des obligations d'Etat grecques qu'ils détiennent, afin de donner de l'air à Athènes. Ils effaceront ainsi 100 milliards d'euros de dette, ce qui aidera la Grèce à atteindre l'objectif de réduire à 120% du PIB, contre plus de 150% aujourd'hui (350 milliards d'euros), son endettement à l'horizon 2020.

Les banques dopées

Afin de «rétablir la confiance dans le secteur bancaire» et, partant, de l'aider à réinvestir dans l'économie réelle (prêts, etc.), les institutions financières vont être contraintes de porter leurs «fonds propres durs» (Core Tier One, capital social et bénéfices mis en réserve) à 9% d'ici à juin 2012. En attendant, elles devront faire preuve de réserve en matière de distribution de dividendes et de boni.

Au total, une septantaine de banques, surtout grecques, espagnoles et italiennes (qui souffriront beaucoup de la décote de 50%), devront ainsi être recapitalisées à hauteur de 106 milliards d'euros, estime l'Autorité bancaire européenne. Elles devront tenter de le faire elles-mêmes. Si ce n'est pas possible, elles devront recourir au soutien des Etats, voire à celui du Fonds européen de stabilité financière (Fesf), le fonds de secours européen aux pays en difficulté.

1000 milliards d'euros

Le Fesf va voir sa «puissance de feu» démultipliée, afin de rassurer les marchés financiers sur la capacité de la zone euro à secourir si nécessaire des pays fragiles tels que l'Italie et l'Espagne. Il disposait à l'origine d'une capacité de prêts de 440 milliards d'euros, réduite à 250 milliards suite à ses interventions en faveur du Portugal et de l'Irlande; elle sera portée à 1000 milliards d'euros au moins, par simple «effet de levier».

Deux mécanismes sont prévus, à cette fin. D'une part, le fonds garantira une partie des pertes éventuelles des investisseurs privés qui achèteront des obligations d'Etat à risque. D'autre part, des «véhicules spéciaux» d'investissement (Special Purpose Vehicles) vont être créés, qui seront adossés au Fesf et/ou au FMI. Ils combineront les ressources d'investisseurs privés et publics, européens et non européens (Chine, Brésil, fonds souverain norvégien, etc.) en vue de fournir des prêts aux Etats, d'acheter leurs émissions et de recapitaliser les banques. Parallèlement, la Banque centrale européenne a déjà indiqué qu'elle poursuivra ses achats d'obligations d'Etat sur les marchés secondaires, où elles sont négociées.

Gouvernance renforcée

Sur le plan institutionnel, des sommets de la zone euro, présidé dans un premier temps par Herman Van Rompuy, seront organisés au moins deux fois par an. Parallèlement, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a pris du grade: il est devenu hier vice-président de la Commission. Il a notamment été chargé de surveiller de très près les engagements que l'Italie, mise sur la sellette par ses partenaires, a pris en matière d'assainissement des finances publiques.

Un nouveau renforcement de la discipline budgétaire et de la coordination économique au sein de la zone euro a également été décidé. Les Etats devront notamment intégrer dans leur législation ou, mieux encore, dans leur Constitution les règles du Pacte européen de stabilité et de croissance.

Par ailleurs, leurs projets de budget seront examinés à la loupe par Bruxelles. Enfin, une nouvelle réforme «limitée» des Traités européens n'est pas exclue. D'aucuns rêvent de la mettre à profit pour mutualiser les dettes européennes et créer de véritables euro-obligations.

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