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La voiture autonome part à la conquête de la Chine

Les constructeurs automobiles et les géants d'Internet voient dans la Chine un eldorado pour la voiture autonome. Cette technologie pourrait révolutionner le trafic dans un pays réputé pour ses embouteillages chroniques et sa sécurité routière défaillante.

24 avr. 2016, 08:46
La Google car compte toujours plus de concurrents sur le segment des voitures sans chauffeur.

Près de 2000 km via montagnes, tunnels et autoroutes, de la mégalopole de Chongqing jusqu'à Pékin: deux voitures sans conducteur du constructeur Changan ont relevé le défi mi-avril, pour le premier test chinois de ce type sur longue distance. A la mi-décembre, c'était Baidu qui faisait rouler à Pékin sur 30 km son propre prototype, conçu à partir d'une BMW modifiée.

Le mastodonte du web chinois suit ouvertement les traces de l'Américain Google, qui travaille depuis au moins six ans à un projet de voiture entièrement automatisée.

 

Plusieurs constructeurs, de BMW à Toyota, lui ont emboîté le pas, et désormais les groupes automobiles chinois - Changan, BAIC, SAIC et Great Wall Motors - entrent dans la course.

Mercredi, un autre géant Internet chinois, LeEco (ex-LeTV), a dévoilé une voiture électrique capable de se garer et de démarrer toute seule, commandée à distance par smartphone.

 

Fluidifier le trafic

Or, l'avenir de ces technologies pourrait bien se jouer en Chine. Selon le cabinet Boston Consulting Group (BCG), 12 millions de véhicules complètement autonomes seront vendus dans le monde chaque année en 2035, dont plus d'un quart en Chine.

De telles voitures, capables de s'adapter aux fluctuations du trafic, pourraient apporter des solutions aux engorgements chroniques dans le pays, explique à l'AFP Xavier Mosquet, expert du secteur automobile chez BCG. "Si elles sont convaincues que cela fluidifiera la circulation, les autorités chinoises feront tout pour favoriser l'essor de cette technologie puis pour l'adopter", à coups d'adaptations réglementaires rapides.

Déjà très demandeurs de fonctionnalités autonomes sur les véhicules existants, les Chinois semblent très ouverts. Selon un sondage de fin 2015 du cabinet Roland Berger, 96% des Chinois se disent intéressés par une voiture autonome gérant les situations de conduite quotidienne, contre 58% des Américains et des Allemands.

Améliorer la sécurité

De fait, les citadins pourraient être heureux de déléguer le volant à une intelligence artificielle pour affronter les embouteillages. Autre argument de poids, dans un pays où les accidents de la route sont légion: les techniques autonomes "auront un impact considérable pour améliorer la sécurité", commente pour l'AFP Jeremy Carlson, du cabinet IHS Automotive.

Avant les particuliers, les transports publics puis les flottes grandissantes de taxis et VTC devraient être le principal débouché des véhicules autonomes.

"La 'mobilité à la demande' est incroyablement populaire en Chine", relève Bill Russo, directeur de la firme de conseil Gao Feng, prédisant l'essor de "robots-taxis". "C'est dans les services de transport que la tentation de supprimer le chauffeur fait sens", selon lui.

Marché prometteur, la Chine apparaîtra bientôt comme un terrain d'essai incontournable. Le Suédois Volvo, propriété depuis 2010 du chinois Geely, a déjà affiché au début avril son intention de tester une centaine de ses voitures autonomes dans des villes chinoises "dès les prochains mois".

 

Infrastructures inadéquates

Et le calendrier s'accélère: Changan, partenaire chinois de Ford, entend commercialiser dès 2018 des véhicules autonomes pour autoroutes, puis des voitures citadines d'ici à 2025. Baidu, lui, prévoit de lancer en 2018 des bus et navettes autonomes opérant sur des itinéraires déterminés, selon une porte-parole.

A l'instar de Google, le groupe met en avant ses atouts: son système de cartographie de précision et son expérience en termes de sécurité électronique.

Les experts se montrent plus prudents. L'introduction de véhicules citadins autonomes interviendra plutôt vers 2020 voire 2022, prédit Xavier Mosquet. "Les coûts de fabrication ne permettent pas encore un déploiement ou le développement d'une flotte de robots-taxis".

De fait, l'adaptation à "un environnement urbain dense" reste problématique, abonde M. Carlson, pointant "une circulation potentiellement chaotique, le partage des voies avec des cyclistes ou des piétons, des infrastructures inadéquates".

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