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La violence reprend en Tunisie après un relatif retour au calme

Des tirs nourris ont retenti hier dans le centre de Tunis, ainsi qu'aux alentours du palais présidentiel, signe de la tension persistante, deux jours après la fuite du président déchu Ben Ali en Arabie Saoudite. Le processus de transition est néanmoins en route: la composition du futur gouvernement sera annoncée aujourd'hui.

17 janv. 2011, 12:39

Des scènes de guérilla urbaine ont opposé hier à Tunis des miliciens armés, apparemment fidèles à l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali aux forces loyales aux nouvelles autorités de transition.

Des accrochages ont eu lieu hier soir entre l'armée et des hommes restés loyaux à l'ex-président Ben Ali aux alentours du palais présidentiel, qui se situe à Carthage. Des témoins ont indiqué avoir entendu des tirs à l'arme lourde.

Deux francs-tireurs ont été abattus un peu plus tôt dans la journée par l'armée dans le centre de Tunis. Durant l'après-midi des tirs réguliers ont été échangés entre des personnes cachées dans des immeubles et des policiers, tout près de l'avenue Bourguiba. Alors que la nuit de vendredi à samedi avait été émaillée d'actes de vandalisme et de pillages, la capitale tunisienne s'est réveillée hier dans le calme.

Au marché central de Tunis, une soixantaine de personnes se pressaient en vain devant la seule boulangerie ouverte, mais cela ne gâchait pas la bonne humeur générale. «Nos enfants vont vivre dans un pays libre», proclamait une cliente. La situation s'est brusquement tendue en début d'après-midi. Les policiers sont alors devenus de plus en plus nerveux, contrôlant systématiquement les véhicules pour vérifier s'il n'y avait pas d'armes à l'intérieur.

Le premier ministre Mohamed Ghannouchi a averti hier soir que les autorités de transition ne feraient preuve «d'aucune tolérance» envers ceux qui sèment le chaos dans le pays, dans une déclaration téléphonique à la télévision publique.

Si la rue s'agitait toujours, les négociations étaient en cours au palais du gouvernement. Mohammed Ghannouchi, chargé de former un gouvernement d'unité nationale, y a consulté hier des représentants des partis politiques et de la société civile pour amorcer le processus de transition après la chute du régime de Ben Ali. Mohammed Ghannouchi a annoncé que la composition du nouveau gouvernement sera dévoilée aujourd'hui.

Une dirigeante d'un parti d'opposition a indiqué que les partis auparavant proches du pouvoir en seront écartés. Ces consultations devraient aboutir à la mise en place de trois comités: l'un chargé de proposer des personnes pour former un gouvernement d'union nationale, un autre pour examiner les exactions et dérives sécuritaires et le dernier sur les accusations de corruption de l'ancien régime.

Tous les partis politiques dits légaux étaient appelés à rencontrer Mohammed Ghannouchi, sauf le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) de Hamma Hammami, qui est interdit. Les islamistes du Ennahdha étaient également persona non grata.

L'ex-chef de la sécurité du président tunisien déchu Ben Ali, le général Ali Sériati, a par ailleurs été arrêté hier après avoir été formellement accusé d'être le responsable des exactions de ces derniers jours contre la population.

Plusieurs témoignages ont attribué les pillages et exactions de ces derniers jours, notamment à Tunis et sa banlieue, à des membres de l'appareil sécuritaire liés à Ben Ali et cherchant à créer le chaos pour favoriser son retour.

L'ambassadeur démissionnaire de la Tunisie à l'Unesco Mezri Haddad a accusé hier Ben Ali d'avoir «prémédité l'anarchie avant son départ» du pouvoir vendredi et de «téléguider les opérations». /ats-afp

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