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La Turquie se pose en leader régional

14 sept. 2011, 10:31

Au Caire depuis peu, le premier ministre turc a entamé sa «tournée du printemps arabe», comme les médias ont baptisé son déplacement de quatre jours en Egypte, en Tunisie et en Libye. Avec ce voyage, concomitant de la crise entre la Turquie et Israël, Recep Tayyip Erdogan entend à la fois peaufiner son statut de leader régional dans un environnement en pleine mutation et nouer au plus vite des liens privilégiés avec les nouvelles autorités des pays qui ont accompli leur révolution. Ankara veut faire oublier le soutien parfois tardif de sa diplomatie aux mouvements insurrectionnels.

Au cours de la halte en Egypte, à laquelle participent six ministres et une importante délégation d'hommes d'affaires turcs, les relations bilatérales, notamment économiques, doivent être renforcées, avec la signature d'un accord pour établir un Haut Conseil de coopération stratégique. Des exercices militaires conjoints seront établis. Le chef du gouvernement islamo-conservateur rencontrera aujourd'hui les généraux du Conseil supérieur des forces armées (CSFA), qui assurent l'intérim du pouvoir en Egypte.

Démocratie, islam, laïcité

Surtout, sa venue est auréolée de l'épreuve de force qu'il a engagée avec Tel-Aviv par l'expulsion de l'ambassadeur israélien de Turquie, la semaine dernière. Son soutien à la cause palestinienne, qui lui vaut une immense popularité auprès des opinions publiques musulmanes, dominera une bonne partie de son programme. Au siège de la Ligue arabe, Recep Tayyip Erdogan se posera en défenseur de la création d'un État palestinien, une posture qu'il reprendra la semaine prochaine à la tribune de l'ONU, à New York. Il devrait aussi rencontrer des jeunes révolutionnaires place Tahrir et prononcer un discours sur la vision turque du Moyen-Orient à l'université du Caire. C'est là que le président américain Barack Obama avait prononcé sa célèbre allocution au monde musulman, il y a deux ans. Selon le ministère turc des Affaires étrangères, Recep Tayyip Erdogan n'a cependant pas l'intention de transformer cette tribune en harangue anti-israélienne.

Pour donner de la consistance à ses ambitions régionales, il devrait mettre l'accent sur la démocratie, l'islam et la laïcité. Le premier ministre insistera sur l'importance de cette dernière pour «promouvoir les libertés», analyse Asli Aydintasbas, éditorialiste au quotidien «Milliyet». Ces derniers jours, Recep Tayyip Erdogan a redit son envie de se rendre dans la bande de Gaza afin de soutenir ses «frères» palestiniens.

De nouvelles alliances

Les autorités turques, après avoir déclaré qu'elles travaillaient à l'organisation de cette visite, ont finalement expliqué qu'elle n'était plus d'actualité. Ankara a dû prendre en compte l'avis des généraux égyptiens, qui n'y étaient pas du tout favorables. Encore moins après l'attaque, samedi, de l'ambassade de l'État hébreu par une foule d'Égyptiens en colère.

«Cette tournée en Afrique du Nord vise donc à former de nouvelles alliances, résume Sami Kohen, spécialiste de la politique étrangère turque. Au début du printemps arabe, Ankara a eu peur de perdre ses vieux amis.» Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires étrangères, avait construit sa diplomatie sur la stabilité et donc sur le soutien aux régimes forts de la région. Ce qui explique que les Turcs n'aient reconnu qu'en juillet le Conseil national de transition libyen. Il s'agit désormais de rectifier le tir. «Et la Turquie veut revenir très vite dans le jeu», note un diplomate européen.

L'ambassade à Tripoli a déjà rouvert. Et les vols de la compagnie Turkish Airlines vers la capitale libyenne et Benghazi doivent reprendre dans les prochains jours.

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