Envoyée spéciale à Gaziantep
Delphine Minoui
«La peur, tu vis avec, tu n’as pas le choix.» La douce voix qui s’exprime est celle de Zoya Bostan. L’ex-présentatrice de la télévision d’État syrienne, aujourd’hui exilée à Gaziantep, la «capitale» turque des reporters anti-Assad, est attablée dans l’arrière-salle d’un café. Par les temps qui courent, ces vaillants soldats de l’information réfugiés en Turquie doivent composer avec une autre menace: celle de l’État islamique. Il y a trois semaines, l’un d’eux, Zaher al-Shurqat, est tombé en plein centre-ville d’une balle dans la tête. Un mort de plus sur la liste des victimes de Daech, qui étend progressivement sa toile de l’autre côté de la frontière syrienne – et dont l’ombre plane sur l’attentat de ce dimanche contre un commissariat de la ville. «Chaque jour, le danger se rapproche un peu plus. On se dit: qui sera le prochain sur la liste?» murmure...