Les chiffres mettent parfois en évidence une réalité absurde.
Voyez ceux qui concernent la nutrition, par exemple. D'une part, la revue scientifique «The Lancet» vient d'annoncer, après plusieurs recherches, que près de 10% de la population mondiale est obèse. Une statistique qui a doublé depuis les années 1980. D'autre part, en 2011, on comptera 44 millions d'affamés de plus sur la planète, qui en dénombrera donc un milliard. Olivier de Schutter, rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation, a tiré hier la sonnette d'alarme: cette année, nous devrons affronter une crise alimentaire de même ampleur qu'en 2008.
Cette famine a plusieurs causes, selon Emilia Casella, porte-parole du Programme alimentaire mondiale (PAM) à Genève. «Les prix des denrées de première nécessité varient selon les catastrophes climatiques, la distribution des ressources et la demande générée par les pays dont le niveau de vie augmente, comme la Chine par exemple. Et la spéculation rend certaines denrées inabordables». La situation s'était améliorée quelque peu l'an dernier - on parlait alors de 925 millions de personnes sous-nourries.
Hélas, cette année, le nombre d'affamés risque d'augmenter drastiquement. Mais peu importent nombres et rapports: «Une personne qui a faim, c'est déjà trop».
Face à cette épidémie, il s'agit de développer des stratégies à large échelle.
Ainsi, le Programme alimentaire mondial travaille sur cinq points: accroître les réserves alimentaires d'urgence, renforcer la protection sociale, aider les petits agriculteurs et lever les restrictions qui pèsent sur l'exportation de denrées humanitaires.
«Manquer de nourriture, c'est un cercle vicieux. Comme il s'agit d'un besoin vital, les plus démunis ne verront aucune autre solution que de se priver d'instruction, de médicaments, pour avoir quelque chose dans leur assiette. Lutter contre ce fléau doit être l'une des priorités absolues de ce 21e siècle», conclut Emilia Casella.