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La Grèce préservée de la noyade

22 juil. 2011, 11:09

Les dix-sept pays de la zone euro ont accouché au forceps, hier soir, d'un accord permettant d'éviter la mise en faillite de la Grèce et de rassurer les marchés financiers sur leur détermination à soutenir tous les autres pays européens en difficulté: la capacité d'action du fonds de secours qu'ils ont créé en mai 2010 sera en effet élargie.

Réunis en sommet extraordinaire, les chefs d'Etats ou de gouvernement des Dix-Sept se sont entendus sur le financement d'un second plan de sauvetage de la Grèce, dont le montant sera probablement similaire à celui qui avait déjà été élaboré en 2010: 110 milliards d'euros.

Le Fonds monétaire international (FMI), qui avait dépêché sa nouvelle directrice générale, la Française Christine Lagarde, à Bruxelles hier, participera sans doute à ce programme, qui recèle une nouveauté: les créanciers privés d'Athènes - banques, compagnies d'assurances, fonds d'investissement - seront eux aussi mis à contribution, à hauteur d'un montant évalué entre 15 et 30 milliards d'euros.

Les Dix-Sept ont abandonné la piste d'une taxe bancaire dont les institutions financières ne voulaient pas entendre parler.

Le secteur privé contribuera de deux autres façons à l'effort général: d'une part, il a accepté de rallonger le délai de remboursement des obligations d'Etat grecques arrivant à échéance avant 2019 - de leur côté, les Etats de la zone euro allongeront (à 15 ans au moins) les nouveaux prêts qu'ils consentiront à Athènes, à des taux d'intérêt réduits. D'autre part, les institutions financières revendront, à un prix inférieur à leur valeur nominale, une partie des titres grecs qu'elles détiennent au fonds de secours - la Facilité européenne de stabilité financière (FESF) - que les Dix-Sept ont créée en 2010. A cette fin, le statut de la FESF sera modifié.

L'élargissement du champ d'action de ce fonds, basé à Luxembourg et dont la capacité d'emprunt effective, aujourd'hui limitée à 500 milliards d'euros, devra être augmentée, profitera également aux autres pays de la zone euro en difficulté.

Ainsi, ont décidé les Dix-Sept, le FESF (auquel se substituera en 2013 un Mécanisme européen de stabilité) pourra également acheter à titre préventif des obligations d'Etat - italiennes, par exemple - sur le marché secondaire. Il allongera par ailleurs la maturité des prêts qu'il a faits à l'Irlande et au Portugal. Il s'agira ainsi d'éviter une contagion de la crise grecque de la dette.

L'avantage du système, c'est qu'il permettra de réduire la masse de dette souveraine de pays fragiles en circulation et, partant, de réduire les risques de spéculation.

Le désavantage, c'est qu'il risque de provoquer certaines perturbations sur les marchés.

Les Dix-Sept et la Banque centrale européenne (BCE), dont le président, Jean-Claude Trichet, avait également fait le déplacement, hier à Bruxelles, se sont finalement résignés à admettre que leur sauvetage de la Grèce placera Athènes dans une situation de «défaut sélectif» de paiement - en clair, les agences de notation constateront qu'elle est incapable de rembourser aux échéances prévues une partie de sa titanesque dette publique (plus de 350 milliards d'euros, soit 150% de son produit intérieur brut).

Ce «défaut sélectif», fût-il de courte durée, pourrait engendrer des problèmes de liquidités en Grèce. La BCE, notamment, a déjà annoncé qu'elle ne pourrait plus octroyer de prêts aux banques grecques qui ne lui fourniraient, en guise de garantie, que des bons d'Etat du pays. Les banques seraient menacées de faillite et l'ensemble de l'économie en pâtirait.

Afin de prévenir une catastrophe, le fonds de secours européen apportera sa garantie aux titres grecs, que la BCE pourra ainsi continuer d'accepter.

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