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La Grèce face à un ultimatum

02 nov. 2011, 10:56

Un séisme. La décision du premier ministre grec d'organiser un référendum sur l'accord de sauvetage obtenu de haute lutte la semaine passée à Bruxelles a affolé les marchés financiers et provoqué un contre-feu politique européen. Paris s'est montré particulièrement ferme hier. Le président Nicolas Sarkozy a réaffirmé hier que ce nouveau plan d'aide était la «seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque.»

Une ligne suivie en tous points par Berlin. La chancelière Angela Merkel et le chef de l'État français se sont entretenus, hier dans l'après-midi, au téléphone et ont publié un communiqué commun. «La France et l'Allemagne sont déterminées à assurer avec leurs partenaires européens la pleine mise en œuvre, dans les meilleurs délais, des décisions adoptées par le sommet, qui sont aujourd'hui plus que jamais nécessaires», y lit-on. Les deux chefs d'Etat ont décidé de convoquer cet après-midi à Cannes, avant l'ouverture du G20, le premier ministre grec.

Des discussions auront lieu également avec le FMI et l'UE. Paris sera très clair avec les Grecs. «Soit ils acceptent le plan de sauvetage et ils restent dans la zone euro, soit ils quittent la monnaie unique», explique une source proche du dossier, qui sous-entend par ailleurs que les banques françaises survivraient à une faillite de la Grèce et que ce pays ne représente que 2% du PIB de la zone euro. Derrière cet ultimatum, c'est le versement de la sixième tranche d'aide de 8 milliards d'euros à Athènes qui est dans la balance. L'Elysée propose une solution: que le Parlement grec valide l'accord de la semaine passée dès vendredi de façon provisoire. Il faut aussi que le référendum aille plus loin que la validation du plan de rigueur et pose la question du maintien de la Grèce dans la zone euro.

L'Italie sur la sellette

L'urgence, au-delà, est d'éviter une contagion aux pays les plus fragilisés. En ligne de mire, l'Espagne et l'Italie. C'est bien le scénario que redoutaient les marchés hier. Les Bourses, les actions des banques, premières concernées par cette remise en cause, ont plongé hier et l'euro a chuté comme jamais depuis 2008.

Tout au long de la journée, plusieurs dirigeants européens ont exprimé leur inquiétude. Pour le chef du gouvernement belge Yves Leterme, «Georges Papandréou porte une très lourde responsabilité», à un moment où «les marchés ont besoin de stabilité et de sécurité». Se montrant très alarmiste, Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, n'a pas exclu «une faillite de la Grèce» si la population répondait non au référendum. Les responsables politiques sont d'autant plus furieux qu'ils n'ont pas été prévenus par le gouvernement grec. «Le premier ministre grec a pris sa décision sans en informer ses collègues européens», a déploré Jean-Claude Juncker.

Autre chef de gouvernement à réagir, Silvio Berlusconi a critiqué «un choix inattendu qui crée des incertitudes après le Conseil européen et à la veille de l'importante rencontre du G20 à Cannes». Son pays est sur la sellette depuis plusieurs semaines et Silvio Berlusconi s'est engagé à accélérer ses réformes structurelles.

Déjà réticents à soutenir les plans de sauvetage européens, les Néerlandais ont menacé hier de ne pas participer à l'augmentation du FESF, en cas de non des Grecs. L'attaque est venue du Parti travailliste, indispensable au gouvernement conservateur pour obtenir la majorité au Parlement. On peut craindre des remous du même genre dans d'autres pays traditionnellement hostiles à un soutien à la Grèce, comme la Slovaquie ou la Finlande.

Cherchant à rassurer, Herman Van Rompuy, le président de l'Union européenne, et José Manuel Barroso, le président de la Commission de Bruxelles, ont affirmé hier «leur pleine confiance» dans le respect par Athènes de ses engagements à l'égard de la zone euro. Ils ont redit que l'accord conclu il y a six jours «est le meilleur» pour la Grèce. Les banques ont, elles aussi, temporisé. Dans un communiqué, l'Institut de la finance internationale (IIF), qui représente les grandes banques, a réaffirmé sa volonté de faire avancer les négociations sur l'effacement de 50% de la dette grecque. Et ce malgré le référendum. Cette semaine s'annonce cruciale pour l'avenir de la zone euro.

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