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La descente aux enfers de Berlusconi

21 sept. 2011, 11:07

Silvio Berlusconi n'est plus le m?me. L'enjouement, l'optimisme confinant ? l'insouciance, les meetings politiques enflamm?s: tout cela semble appartenir au pass?. En plein d?bat budg?taire au Parlement, le pr?sident du Conseil est rest? clo?tr? au palais Chigi en compagnie de ses avocats pour pr?parer sa r?ponse au parquet de Naples, qui veut l'entendre dans une affaire de ?chantage? dont il serait la victime en marge d'un scandale sexuel, ce qu'il d?ment. Hier, il a obtenu que l'instruction de cette affaire soit transf?r?e ? Rome. Et mardi dernier, alors que le d?ballage judiciaire sur ses frasques sexuelles se poursuivait ? Bari (Pouilles), il s'est pr?sent? devant le tribunal de Milan pour la reprise d'un proc?s pour corruption, sans mot dire, ni dans le pr?toire ni ? sa sortie.

La descente aux enfers du Cavaliere est impressionnante. Elle a commenc? le 14 janvier 2011, quand le pr?sident du Conseil a ?t? mis en examen pour des relations sexuelles tarif?es avec une mineure, une jeune Marocaine de 17 ans ? l'?poque des faits, Karima el-Mahroug, alias Ruby?. Pendant trois mois, le r?cit croustillant des soir?es piment?es d'Arcore, sa r?sidence milanaise, a d?fray? la chronique.

L'Italie a ainsi d?couvert que le premier ministre s'entourait de personnages peu recommandables jouant pour lui les rabatteurs de ?chair fra?che?, essentiellement dans le monde du spectacle et de la t?l?vision.

Un v?ritable harem

La discr?tion a fait d?faut. D'autant que les parquets enqu?tant sur ses fr?quentations ont complaisamment laiss? filtrer dans les journaux une multitude d'informations th?oriquement couvertes par le secret judiciaire. Comme le d?tail de conservations t?l?phoniques, vraiment navrantes par leur contenu, avec un personnage louche de Bari, Gianpaolo Tarantini, ? la fois homme d'affaires et prox?n?te, incarc?r? depuis le 1er septembre. Sans compter la kyrielle de jeunes femmes - starlettes, mannequins, escort girls, une trentaine en huit mois - toutes apparemment dispos?es ? d?filer dans le lit du leader. Un v?ritable harem, g?r? au t?l?phone - comme l'ont r?v?l?es les transcriptions de 100 000 conversations enregistr?es par la justice. ? un top-mod?le des Cara?bes, une certaine Marystell, qui s'?tonne devant tant de nuits blanches, il r?pond: ?Je fais le pr?sident du Conseil ? temps partiel.? Au lendemain de la Saint-Sylvestre 2009, il appelle Tarantini pour se vanter: ?J'en avais onze. Je m'en suis fait huit. Je n'en pouvais plus.?

R?fugi? le week-end dernier dans la belle Villa Campari, qui lui appartient, sur le lac Majeur, Berlusconi promettait de livrer bataille: ?Bien des chacals r?dent, m?me parmi les n?tres. Mais s'ils veulent me donner la chasse, ils doivent sortir au grand jour et trouver assez de voix pour me censurer en s?ance pl?ni?re?, au Parlement.

R?action virulente

Quand Standard & Poor's a d?class? hier matin la dette italienne en ?pinglant la faible croissance du pays et la fragilit? de la coalition au pouvoir, Silvio Berlusconi a r?agi au quart de tour en accusant l'agence de notation am?ricaine d'?mettre des ?valuations ?vici?es par des consid?rations politiques? et par les comptes rendus ?biais?s? d'une presse qu'il dit lui ?tre syst?matiquement hostile. ?Le gouvernement a toujours obtenu la confiance du Parlement?, a indiqu? une note du palais Chigi, le Matignon italien. De fait, ? l'exception du 14 d?cembre 2010 o? il s'?tait sauv? de la d?b?cle avec seulement quatre voix de majorit?, le pr?sident du Conseil a remport? tous ses votes de confiance avec un ?cart d'une vingtaine de voix. Y compris mercredi dernier, quand la Chambre des d?put?s a approuv? un plan d'aust?rit? sans pr?c?dent, qui imposera 54,2 milliards d'euros de sacrifices aux Italiens, pour tenter de retourner ? l'?quilibre budg?taire en 2013.

Lorsque le marasme ?conomique s'ajoute aux frasques du chef du gouvernement, il y a p?ril en la demeure. Les probl?mes ont commenc? vers la fin du printemps, quand l'Italie s'est trouv?e impliqu?e dans les soubresauts mon?taires de la crise grecque. Dans l'urgence, sous la pression insistante de Bruxelles et du FMI, le gouvernement a ?labor? un plan d'aust?rit? de 48 milliards d'euros en deux mois, adopt? par le Parlement le 15 juillet en moins d'une semaine, au terme d'un effort de consensus national sans pr?c?dent.

Tr?s vite, cependant, les march?s ont recal? ce plan, estimant qu'il ne pr?sentait pas de garanties suffisantes pour atteindre l'objectif indiqu?, l'annulation d'un d?ficit public ?galant 3,9% du PIB en quatre ans, c'est-?-dire fin 2014.

Une vague de sp?culations sans pr?c?dent a d?ferl? sur l'Italie, contraignant la majorit? ?lue en 2008 avec cent si?ges de plus (sur 630) que l'opposition ? revoir sa copie dans la discorde la plus compl?te. Des erreurs graves ont ?t? commises: mesures approximatives, aussit?t retouch?es. La Ligue du Nord, l'ombrageux alli? de Berlusconi, s'est oppos?e ? la plupart des r?formes structurelles pr?vues: r?forme des retraites, suppression des 110 provinces faisant double emploi avec les 20 r?gions, r?forme fiscale, etc. Dans la h?te et la confusion, le gouvernement a ?t? contraint de durcir son plan d'aust?rit?. Il l'a fait de mani?re approximative, retouchant des objectifs ? peine d?cid?s.

Mais les march?s ont surtout ?pingl? des faiblesses et des contradictions r?v?latrices de d?saccords politiques profonds. Une taxe de solidarit? devait ?tre pr?lev?e sur les revenus d?passant 90 000 euros. ? l'insistance du PDL, le parti de Berlusconi, le plafond en a ?t? ?lev? ? 300 000 euros. Sur la pression de la Ligue du Nord, la r?forme des retraites a ?t? dilu?e dans le temps. Deux tiers des ?conomies proviendront du fisc, entra?nant une diminution du pouvoir d'achat et un risque accru de r?cession. R?forme du Parlement, suppression des provinces, all?gement de l'appareil d'?tat sont renvoy?s ? une r?vision de la Constitution qui ne devrait pas voir le jour avant la fin de cette l?gislature, en 2013. Sans parler de l'indispensable r?forme du Code du travail, dont le projet est modifi? jour apr?s jour.

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