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L'opposition tunisienne veut un ''gouvernement de salut''

L'opposition laïque en Tunisie réclame la dissolution de la Constituante et la démission du gouvernement islamiste après l'assassinat d'un député d'opposition.

28 juil. 2013, 17:41
epa03803394 Tunisians carry the flag-draped coffin of slain opposition politician Mohamed Brahmi, during the funeral in Tunis, Tunisia, 27 July 2013. Brahmi was gunned down at his home in Tunis on 25 July 2013, the second such assassination this year in a country often praised as the most stable of Arab Spring countries. Authorities blamed Islamist radicals for his killing, saying he was shot with the same weapon used to kill Chokri Belaid, an opposition leader assassinated half a year ago.  EPA/MOHAMED MESSARA

En début d'après-midi dimanche, les rues de la capitale tunisienne écrasée sous la chaleur étaient quasiment désertes, malgé l'annonce de nouvelles manifestations dimanche.

Samedi, après les funérailles de Mohamed Brahmi, tué jeudi de 14 balles tirées à bout portant, des protestataires s'étaient rassemblés devant l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour un sit-in brutalement dispersé par la police.

La protestation a repris dans la nuit sur la place du Bardo où se trouve le palais de l'ANC. Des milliers de manifestants anti-gouvernement et des pro-islamistes d'Ennahda, le parti au pouvoir, s'y sont défiés jusqu'à l'aube. La police a fait usage de gaz lacrymogènes lorsque les deux groupes ont commencé à se lancer des pierres.

"Ce gouvernement a échoué"

"Après l'assassinat de Mohamed Brahmi, le gouvernement incompétent doit démissionner et laisser la place à un gouvernement de salut national" a déclaré à l'AFP Samir Taïeb, une figure de la gauche.

Il a affirmé que le nombre des députés ayant décidé de boycotter l'ANC a atteint 65 des 217 élus, un député ayant démissionné récemment. "La Tunisie risque un dérapage sans précédent si le gouvernement persiste", a-t-il estimé.

"Ce gouvernement a échoué à assurer la dignité et la sécurité aux Tunisiens, le meurtre de Brahmi, en est bien la preuve", a déclaré Maya Jribi, secrétaire générale du Parti Républicain, appelant à un gouvernement de salut national.

"Nous allons nous réunir ce (dimanche) soir pour évoquer la création d'un nouveau gouvernement de salut, et nous envisagerons de nommer un Premier ministre destiné à remplacer ce gouvernement, qui a échoué", a dit pour sa part Djilani Hammami, l'un des dirigeants de la coalition du Front du salut, par ailleurs à la tête du Parti des travailleurs.

Salafistes jihadistes accusés

Les autorités ont désigné les auteurs de l'assassinat, comme étant des salafistes jihadistes proche d'Ansar Ashariaa, une organisation soupçonnée d'être liés à Al-Qaïda. Elle a toutefois réfuté toute implication sur sa page officielle Facebook, affirmant n'avoir "aucun lien avec cet assassinat politique".

Le ministère de l'Intérieur avait publié vendredi une liste de 14 suspects impliqués selon lui dans le meurtre de Brahmi mais aussi dans celui en février de Chokri Belaïd, autre opposant de gauche critique acerbe des islamistes. Les proches des deux opposants accusent directement Ennahda et son chef Rached Ghannouchi, que les manifestants ont traité d'"assassin".

L'assassinat de Chokri Belaïd en février avait débouché sur la démission du gouvernement d'Hamadi Jebali et la formation de l'actuel gouvernement dirigé par Ali Larayedh.

Heurts dans plusieurs régions

Ailleurs dans le pays, un manifestant a été tué à Gafsa (centre-ouest) vendredi. Des établissements publics et des locaux d'Ennahda ont été saccagés ou incendiés dans plusieurs régions.

"L'assassinat de Mohamed Brahmi a été pour de nombreux Tunisiens, comme le signal, à la fois d'une profonde désillusion et d'un appel à réagir face à l'omnipotence du parti islamiste accusé d'avoir encouragé la violence, le fanatisme et le terrorisme ou de les avoir favorisés", écrivait dimanche le quotidien francophone "La Presse".

Pour "Le Quotidien" s'il y a "une certitude c'est bel et bien l'échec cuisant, l'incompétence affligeante et l'incurie manifeste du gouvernement de la troïka - la coalition au pouvoir - dominée par Ennahda".

La contestation risque de s'amplifier avec l'appui de la puissante centrale syndicale (UGTT) qui a décrété une grève générale largement suivie vendredi. Dimanche, ce syndicat qui revendique un demi-million d'adhérents a haussé le ton condamnant "des attaques injustifiées de la police contre les manifestants samedi". Sa centrale très politique doit tenir une réunion décisive lundi.

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