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L'Italie mise sous tutelle

05 nov. 2011, 08:54

Même si le mot est formellement tabou dans la Péninsule, l'Italie de Silvio Berlusconi est désormais sous double tutelle, politique et économique. José Manuel Barroso a confirmé hier, en marge du G20, que Bruxelles allait envoyer une équipe d'inspecteurs à Rome pour contrôler l'avancée des réformes en Italie. Une pression politique qui s'accompagnera d'une pression économique.

En effet, a indiqué le président de la Commission européenne, «l'Italie a décidé de demander au FMI de surveiller la mise en œuvre» de ces mesures. Une simple surveillance, prise «de son propre chef» par Silvio Berlusconi, a cru bon d'ajouter le chef de l'exécutif européen, qui donnera lieu à un rapport trimestriel du FMI mais n'implique pas, s'empresse-t-on de préciser, d'aide financière.

Pour le président du Conseil italien, l'honneur est sauf, en apparence. Pourtant, il aura fallu deux jours d'intenses tractations en coulisses du sommet de Cannes pour que l'Allemagne, la France, les Etats-Unis, Bruxelles et le FMI persuadent Silvio Berlusconi d'ouvrir son pays à ces contrôles stricts. Car plus que jamais l'Europe et, par ricochet, les Etats-Unis veulent circonscrire l'incendie de la crise de la dette qui ravage la zone euro.

Or, l'Italie, avec ses 1900 milliards d'euros de dette, dont le taux à dix ans a atteint hier pour la deuxième journée d'affilée 6,40% (trois fois plus cher que l'Allemagne), est clairement dans la ligne de mire des marchés. Pour ne pas alimenter la défiance, tous les responsables européens se sont efforcés hier d'insister sur l'aspect volontaire de cette démarche. «Silvio Berlusconi est conscient du doute des marchés sur la réalité de l'application de son plan et cela l'a conduit à demander un monitoring», a salué Nicolas Sarkozy. «Il n'y a pas eu de heurts, nous avons décidé tout cela dans une atmosphère de totale coopération, très différente d'avec la Grèce», a renchéri le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.

En réalité, le dialogue a été très ferme à l'égard du chef d'Etat italien. «Ce ne sont pas les mesures de Silvio Berlusconi qui sont en cause, mais leur applicabilité dans un contexte où sa crédibilité politique est durement touchée», explique un participant à ces réunions. «Le problème est un manque de crédibilité des mesures qui ont été annoncées», a dit sans détours Christine Lagarde, la directrice générale du FMI.

Des rapports réguliers

Le mandat des inspecteurs de la Commission européenne, qui partiront dès le début de la semaine prochaine, est très clair: «Examiner l'application des précédentes mesures promises et proposer éventuellement au gouvernement d'en prendre des nouvelles», explique-t-on à Bruxelles. Ils seront chargés d'établir un rapport régulier. La venue d'inspecteurs du FMI renforcera nettement leur pouvoir. «Ils ont une expertise technique que l'Europe n'a pas et ils sont en outre détachés des considérations politiques nationales», explique-t-on côté français.

Cette double validation devrait rassurer les investisseurs, espère Bruxelles. Même si dans les coulisses du sommet de Cannes, tout le monde confie que le meilleur moyen d'y parvenir consisterait à changer de gouvernement.

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