Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'indépendantiste Puigdemont investi par les Catalans

Le président de la Catalogne Carles Puigdemont a été investi en tant que président de sa région. Il doit mener la région vers la sécession de l'Espagne en 2017 au plus tard.

10 janv. 2016, 22:22
Carles Puigdemont avant son discours d'investiture de président de Catalogne.

"Vive la Catalogne libre", a clamé le nouveau président régional, âgé de 53 ans, après avoir obtenu les votes favorables de 70 élus sur 135 au parlement, 63 voix contre et deux abstentions.

M. Puigdemont avait appelé en fin de journée au démarrage du processus de sécession dans un discours devant le parlement de cette riche région d'Espagne. "Nous devons lancer le processus pour créer un Etat indépendant en Catalogne, pour que les décisions du parlement catalan soient souveraines".

L'avertissement de Rajoy

Il devrait assez vite former son cabinet. Les premières lois qu'il devra présenter portent sur la création d'administrations fiscale et de sécurité sociale pour la Catalogne.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a lui prévenu en soirée qu'il ne tolérerait aucun acte mettant en danger l'unité de l'Espagne. Il s'est exprimé quelques minutes avant le vote à Barcelone lors d'une allocution solennelle à Madrid retransmise en direct.

Coup de théâtre

Dans un coup de théâtre de dernière minute, le président régional sortant Artur Mas a cédé samedi aux pressions de ses détracteurs et a renoncé à briguer un nouveau mandat. Le retrait de sa candidature a permis la formation d'une coalition de gouvernement, qui va des conservateurs à la gauche anticapitaliste.

Cette coalition entend profiter de la majorité absolue obtenue lors des élections régionales pour proclamer d'ici 18 mois l'indépendance de la Catalogne. Selon le compromis obtenu samedi, les députés indépendantistes ont donc confirmé M. Puigdemont pour succéder à M. Mas. La loi accordait aux parlementaires catalans jusqu'à dimanche à minuit pour investir un président de gouvernement.

Membre du même parti qu'Artur Mas, M. Puigdemont, journaliste de langue catalane, est peu connu en dehors de Gérone, une ville de 97'000 habitants à 100 km au nord de Barcelone. ll en est maire depuis 2011. "Nous avons un projet en marche, solide et qui va dans la bonne direction", avait-il commenté sur son compte twitter après l'accord in extremis qui permet aux indépendantistes de reprendre leur bras de fer avec Madrid.

Madrid affaibli

Les indépendantistes regroupent leurs forces alors qu'à Madrid les élections législatives du 20 décembre ont laissé un parlement fragmenté. Les conservateurs du chef du gouvernement sortant Mariano Rajoy ont perdu la majorité absolue et cherchent en vain des partenaires pour former une coalition.

"La coalition indépendantiste profite du vide de pouvoir à Madrid", titrait dimanche le journal conservateur en ligne El Español.

Face à la rébellion de la plus riche région d'Espagne, le cabinet de M. Rajoy a insisté samedi sur la nécessité pour le "prochain gouvernement d'Espagne de compter sur une large base parlementaire qui garantisse la stabilité et la capacité (de) faire face au défi indépendantiste".

Le PSOE en difficultés

M. Rajoy espère parvenir à un accord avec le Parti socialiste (PSOE), deuxième force politique en Espagne, et avec le parti libéral Ciudadanos, opposés comme lui à l'indépendance de la Catalogne. Le PSOE vise en revanche une alliance avec la gauche radicale de Podemos et des partis nationalistes en Catalogne et au Pays basque.

Mais les indépendantistes lui compliquent encore la tâche. "Comment allons nous expliquer que nous arrivions au pouvoir avec l'aide de ceux qui visent l'indépendance en quelques mois?", a confié un dirigeant socialiste au journal numérique de gauche El Diario.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias