Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L’Espagne exhume le dictateur Franco de son mausolée monumental

Ce jeudi, le cercueil du dictateur Franco était sorti de l’imposante basilique creusée dans la roche du mausolée du «Valle de los Caidos», un «lieu d’apologie» du franquisme, pour être réinhumée aux côtés de son épouse près de Madrid.

24 oct. 2019, 17:47
Le premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait fait du transfert de la dépouille du "Caudillo" une priorité dès son arrivée au pouvoir en juin 2018.

Le dictateur Francisco Franco, qui a dirigé l’Espagne d’une main de fer de 1939 jusqu’à sa mort en 1975, a été exhumé jeudi de son mausolée. Il a ensuite été réenterré près de Madrid, 44 ans après la fin d’un régime dont les plaies ne sont toujours pas refermées.

Arrivée en hélicoptère au cimetière de Mingorubbio, dans le nord de Madrid, sa dépouille embaumée a été réinhumée aux côtés de son épouse dans ce lieu plus discret où repose aussi le dictateur dominicain Rafael Trujillo, assassiné en 1961.

 

 

Rassemblés près du cimetière, environ 200 nostalgiques du régime ont chanté l’hymne du parti fascisant de la Phalange, pilier du régime du dictateur qui a remporté la sanglante guerre civile espagnole (1936-1939) en faisant le salut fasciste, bras droit tendu en avant. «Franco ne mourra jamais», a déclaré Miguel Maria Martinez, retraité. «Il a sauvé l’Eglise et nous a tenus à l’abri du communisme», a affirmé pour sa part José Martinez.

 

 

Peu avant 13 heures, le cercueil du dictateur était sorti de l’imposante basilique creusée dans la roche du mausolée du «Valle de los Caidos», porté par huit membres de sa famille dont son arrière-petit-fils Louis de Bourbon, cousin éloigné du roi d’Espagne Felipe VI et considéré par les légitimistes comme le prétendant au trône de France. A Mingorubbio l’attendait l’ancien colonel Antonio Tejero, auteur en 1981 d’une tentative de coup d’Etat dans le parlement espagnol, dont le fils a ensuite célébré un office religieux.

Mausolée sans équivalent

Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait fait du transfert de la dépouille du «Caudillo» une priorité dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, pour que ce mausolée, sans équivalent dans d’autres pays d’Europe occidentale ayant été dirigés par des dictateurs, ne puisse plus être un «lieu d’apologie» du franquisme.

… Pour que ce mausolée ne puisse plus être un lieu d’apologie du franquisme.
Pedro Sanchez, Premier ministre espagnol

Cela met fin à un «affront moral», à une «anomalie pour une démocratie européenne», a déclaré M. Sanchez dans une allocution solennelle. Promise pour l’été 2018, l’opération a été retardée de plus d’un an par les recours en justice successifs des descendants du dictateur.

A moins de trois semaines des législatives du 10 novembre, les détracteurs de M. Sanchez à droite comme à gauche l’accusent d’en faire un argument électoral, alors qu’une semaine de manifestations violentes en Catalogne a mis le socialiste en difficulté. Ordonnée par Franco en 1940 pour célébrer sa «glorieuse Croisade» catholique contre les républicains «sans Dieu», la construction du «Valle de los Caidos» («La vallée de ceux qui sont tombés») a duré près de vingt ans et été réalisée par des milliers de prisonniers politiques.

Ce complexe monumental est surplombé d’une croix de 150 mètres de haut, visible à des dizaines des kilomètres à la ronde. Au nom d’une prétendue «réconciliation nationale», le «Caudillo» y avait fait transférer les corps de plus de 30’000 victimes de la guerre civile, des franquistes mais aussi des républicains, sortis de cimetières et de fosses communes sans que leurs familles en aient été informées.

 

A lire aussi : Espagne: les restes de Franco seront exhumés jeudi

Votre publicité ici avec IMPACT_medias