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L'entrée de la Palestine à l'Unesco ravive les tensions

01 nov. 2011, 10:38

Pour les Palestiniens et leur chef, Mahmoud Abbas, c'est une victoire diplomatique après une longue série de rebuffades et de déconvenues. Par 107 voix pour, 52 abstentions et 14 voix contre, la Palestine est devenue hier le 195e membre à part entière de l'Unesco, dont le siège est à Paris.

«C'est un moment historique qui rend à la Palestine certains de ses droits. La Palestine est le berceau des religions et des civilisations», s'est félicité le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Malki, présent à Paris pour l'occasion. Parmi les Européens, l'Italie et la Grande-Bretagne se sont abstenues. La France a finalement voté pour, après s'être abstenue lors d'un premier vote au Conseil exécutif de l'organisation, le 7 octobre. Paris considérait alors que la démarche palestinienne à l'égard de l'Unesco était «prématurée», alors même que l'ONU a été saisie, le 23 septembre à New York, d'une demande d'adhésion par Mahmoud Abbas.

La position de la France

Hier, la France a voulu prendre acte d'un résultat attendu, plutôt que de se retrouver en porte-à-faux. «A partir du moment où la question de la demande d'adhésion de la Palestine à l'Unesco était posée, il nous a fallu prendre nos responsabilités et répondre sur le fond», a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero. «La France n'a jamais été à la traîne sur le dossier israélo-palestinien, nous entendions continuer», explique un diplomate pour lequel le «constat d'une désunion des Européens» a également pesé dans la décision prise par Paris de voter oui.

En revanche, hostiles à l'admission, Israël et les États-Unis ont réagi avec vigueur, à l'issue d'un scrutin sous tension. Pour les Israéliens, ce vote constitue une «manœuvre unilatérale qui éloigne davantage la possibilité d'un accord de paix». Pour la Maison-Blanche, il reste «prématuré» et «contre-productif» dans la perspective d'une reprise espérée des négociations israélo-palestiniennes.

Vingt ans de boycott américain

Le vote d'hier va avoir des conséquences sonnantes et trébuchantes pour l'Unesco. Les États-Unis n'avaient pas caché qu'en cas d'admission de la Palestine, ils cesseraient de financer l'organisation dont ils sont un gros contributeur, à hauteur de 70 millions de dollars, soit 22% du budget. Washington a confirmé hier la suspension de ses versements. Une position dictée par le Congrès qui, au début des années 1990, a voté deux lois interdisant le financement d'une agence spécialisée des Nations unies qui accepterait les Palestiniens en tant qu'État membre à part entière.

Face à la décision américaine, le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé à une action concertée pour préserver les moyens de l'organisation, qui risque de voir son action sérieusement entravée. Une perspective qui ravive des souvenirs cuisants, ceux des vingt années (1984-2003) durant lesquelles Washington avait interrompu son financement à l'Unesco pour protester contre sa mauvaise gestion et son idéologie tiers-mondiste.

Les Palestiniens espèrent engranger les bénéfices de leur succès à l'Unesco pour obtenir leur adhésion à l'ONU. Mais, sur ce terrain-là, rien n'a progressé. Mahmoud Abbas a répété qu'il souhaitait un vote au Conseil de sécurité. Le comité ad hoc doit se prononcer le 11 novembre sur la conformité de cette requête.

La perspective d'un vote, elle, est toujours au point mort. «Les Palestiniens ne disposent actuellement que de sept voix sur les neuf qui leur seraient nécessaires au Conseil de sécurité», explique un diplomate. En l'état, souligne-t-il, «les seuls qui auraient intérêt à un vote sont paradoxalement les Américains», qui pourraient ainsi se dispenser d'utiliser leur veto. Cela explique qu'«aucune résolution sur la Palestine ne soit aujourd'hui en préparation», ajoute cette source.

Dans ce contexte, alourdi par le regain de tension sur le terrain, la victoire palestinienne à l'Unesco risque d'être surtout symbolique.

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