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«L'avenir des Juifs au Proche-Orient est en danger»

16 mars 2011, 11:42

On peut être fils de rabbin et antisioniste: Michel Warschawski est la parfaite incarnation de cette apparente antithèse. Militant pacifiste de longue date, il est le fondateur, avec des amis palestiniens, du Centre d'information alternative de Jérusalem. Alors que la haine est montée d'un cran en Israël après la mort de cinq membres de la même famille dans une colonie, tués à coups de couteau, il livre un regard sans aménité sur son pays si aimé pourtant: Israël.

Pouvait-on s'attendre à ce qu'une famille israélienne soit massacrée ainsi?

Absolument. Je vous rappelle que la colonie d'Itamar (réd: où habitait la famille Fogel) regroupe les colons les plus extrémistes du pays. Ils terrorisent les villages autour de la ville palestinienne de Naplouse en agressant les gens, en brûlant leurs oliviers... dans ces conditions, il était inévitable que les habitants cherchent à se venger. Quant aux mesures de rétorsion annoncées par le gouvernement hébreu, elles me font bien rire: croyez-vous que ce régime ait attendu l'assassinat d'une famille de colons pour construire des logements? La colonisation, c'est un drame quotidien, qui se produit sous nos yeux à une vitesse stupéfiante, et ce dans toute la Cisjordanie.

L'établissement d'un Etat palestinien est donc pour l'instant utopique...

Tout aussi utopique que la fin de l'empire soviétique, à une certaine époque. Et pourtant, cet empire s'est effondré... Oui, j'en suis sûr, tout est possible, l'Histoire nous l'a montré à maintes reprises. Le problème, c'est la détermination d'acteurs clés comme les Américains, qui devraient faire pression pour avancer vers la paix.

La paix... ce mot a-t-il encore un sens au Proche-Orient?

Vous noterez que personne ne parle jamais de «paix», mais de «processus de paix», une expression quasi écœurante tant elle est redite. Car la paix elle-même est à l'état embryonnaire, et encore: c'en est presque devenu un mythe. Mais un mythe qui fait tout notre horizon, toute notre espérance.

Le monde arabo-musulman change. Le processus de démocratisation à l'œuvre pourrait-il avoir un impact sur le sempiternel conflit israélo-palestinien?

Il le faut absolument: c'est l'avenir même de l'existence juive au Moyen-Orient qui est compromis! Si le gouvernement Netanyahu persiste, au milieu de démocraties, à continuer de faire d'Israël un corps étranger qui impose sa volonté par la force, il signe l'arrêt de mort de ce pays. Et ce pays, c'est le mien... mais pas seulement: c'est aussi celui de mes enfants et de mes petits-enfants, qui n'ont plus rien à voir avec l'Europe et n'ont jamais eu qu'Israël pour patrie. Si je ne veux pas les voir vomis par le monde arabe, si je veux que l'Etat hébreu survive, cet Etat doit évoluer lui aussi. Et vite.

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