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L'ADN d'Henri IV coïncide avec celui de Louis XVI

Une équipe de scientifiques franco-espagnole a trouvé un profil génétique commun entre la tête momifiée d'Henri IV et du sang séché provenant de son descendant, Louis XVI. Elle a du même coup validé l'authenticité des deux restes royaux.

31 déc. 2012, 09:04
Retrouvé en 2008, le crâne d'Henri IV a été authentifié en 2010.

Ces travaux, dont les résultats sont publiés lundi en ligne par la revue "Forensic Science International", "montrent qu'Henri IV et Louis XVI ont le même patrimoine génétique passant par les pères", explique Philippe Charlier, médecin légiste à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, en région parisienne, et grand spécialiste des énigmes historiques.

L'étude apporte un argument supplémentaire à l'authentification de la tête d'Henri IV. Retrouvé en 2008, après des siècles de pérégrinations, le crâne royal avait été authentifié en 2010, sur la base de nombreux recoupements scientifiques et historiques, par une équipe d'une vingtaine de spécialistes conduite par le Dr Charlier. Mais ils avaient alors échoué à extraire l'ADN.
 
Mouchoir trempé de sang
 
Quant au sang attribué à Louis XVI, analysé en 2011 par une équipe italo-espagnole dirigée par Carles Lalueza-Fox (Institut de biologie évolutive de Barcelone), il a été récupéré dans une sorte de gourde possédée par une famille aristocratique italienne. Cette gourde aurait contenu un mouchoir qui avait trempé dans le sang royal, le jour où Louis XVI fut guillotiné, le 21 janvier 1793.
 
Sept générations séparent ces deux rois de France au destin tragique, Louis XVI descendant en ligne directe paternelle d'Henri IV, assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610.
 
C'est précisément l'ADN "paternel", l'ADN du chromosome Y, qui a parlé, balayant les derniers doutes sur l'authenticité de la tête d'Henri IV, selon le Dr Charlier.
 
L'Institut de biologie évolutive de Barcelone a travaillé sur un échantillon "provenant du plus profond de la gorge de l'individu" et a pu extraire un ADN partiellement exploitable.
 
Tête vagabonde
 
La tête d'Henri IV a été séparée de son corps en 1793, sous le régime de la Terreur, lors de la profanation de la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France.
 
Elle n'est réapparue qu'au XIXe siècle dans une collection privée d'un comte allemand, avant d'être acquise en 1919 par un antiquaire de Dinard, puis revendue à un couple de retraités passionnés d'Histoire. Ceux-ci l'ont léguée au chef actuel de la maison de Bourbon, Louis de Bourbon.
 
Mazarin hors de cause
 
La confirmation de la lignée paternelle entre Henri IV et Louis XVI apporte aussi indirectement une réponse aux historiens qui pouvaient douter que Louis XIV soit bien le fils de Louis XIII, et non de Mazarin. "L'enfant du miracle" était né plus de 20 ans après le mariage de Louis XIII, le premier fils d'Henri IV, avec Anne d'Autriche.
 
Des parcelles du coeur de Louis XIII et de celui de Louis XIV sont conservées à la basilique Saint-Denis, mais l'équipe du Dr Charlier n'a pas été autorisée à les étudier.
 
Le Dr Charlier a notamment révélé l'empoisonnement au mercure d'Agnès Sorel, favorite de Charles VII. Plus récemment, il a travaillé sur des fragments du coeur de Richard 1er d'Angleterre, dit Richard Coeur de Lion. "Les résultats sont imminents", a-t-il déclaré, avant son départ pour la Transylvanie où il doit étudier des squelettes de prétendus vampires.
 
Quant à l'équipe de Carles Lalueza-Fox, maintenant qu'elle a la confirmation que le sang séché est bien celui de Louis XVI, elle pourrait tenter de déchiffrer le génome complet du dernier monarque absolu de l'Histoire de France et en tirer des informations sur la famille royale, comme la consanguinité ou la susceptibilité aux maladies.
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