Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Khmers rouges: les accusés demandent l'acquittement

Jugés pour crimes contre l'humanité au Cambodge, les deux plus hauts dirigeants du régime khmer rouge ont réclamé jeudi l'acquittement. Le verdict est attendu au premier semestre 2014.

31 oct. 2013, 12:25
In this photo released by the Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia, Nuon Chea, who was the Khmer Rouge's chief ideologist and No. 2 leader, waits before his final statements at the U.N.-backed war crimes tribunal in Phnom Penh, Cambodia, Thursday, Oct. 31, 2013. Former Khmer Rouge leader Nuon Chea has denied all charges against him on the last day of a trial for leaders of the Cambodian regime widely blamed for the deaths of some 1.7 million people. (AP Photo/Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia, Mark Peters)

Le procès symbole du régime khmer rouge au Cambodge s'est achevé jeudi. Les deux plus hauts dirigeants encore en vie ont répété ne pas être responsables de la mort de deux millions de personnes, soit le quart de la population du pays, entre 1975 et 1979. Le verdict est attendu au premier semestre 2014.

L'accusation avait requis la semaine dernière la perpétuité contre l'idéologue des Khmers rouges Nuon Chea, 87 ans, et le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 82 ans. C'est la peine maximale prévue par le tribunal de Phnom Penh parrainé par l'ONU.

Les deux hommes ont une nouvelle fois rejeté toutes les accusations. "Pendant ce procès, il a été montré clairement que je n'ai ordonné aucun crime, contrairement à ce que disent les procureurs. Pour faire court, je suis innocent de ces accusations", a déclaré Nuon Chea au dernier jour de ce procès. Il a insisté sur le fait qu'il avait servi son pays et son peuple.

"Je demande respectueusement (aux juges) de m'acquitter de toutes les charges et de me libérer", a-t-il ajouté, reconnaissant malgré tout une certaine responsabilité.

"Profonds remords"

"Je voudrais exprimer mes plus profonds remords et ma responsabilité morale pour les victimes et le peuple cambodgien qui ont souffert", a-t-il ainsi concédé. Mais il a rejeté en même temps la faute sur les "traîtres" et les Vietnamiens qui avaient chassé les Khmers rouges du pouvoir en 1979.

Malgré cette reconnaissance de responsabilité "morale", Ngor An, Cambodgien de 69 ans venu assister à l'audience, a accusé Nuon Chea d'être "un lâche", incapable de reconnaître sa responsabilité décisionnelle. "Il doit être condamné à la prison à vie", a tranché celui qui a perdu dix proches, dont trois enfants, sous les Khmers rouges.

Poste honorifique

Khieu Samphan n'a quant à lui admis aucune responsabilité, même morale. Il a reproché à ses accusateurs d'avoir "manipulé" ses propos. "Je n'ai jamais décidé de l'évacuation de la population ou d'un massacre des innocents", a-t-il dit, s'en tenant à la ligne de défense qui a été la sienne tout au long des deux ans de procès.

L'ancien chef d'Etat a tenté de convaincre du fait que son poste de chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" n'était qu'honorifique. "La réalité, c'est que je n'avais aucun pouvoir, ce qui m'allait très bien. Cela a probablement été mon erreur parce que je suis resté proche des individus qui avaient le pouvoir", a-t-il insisté.

Khieu Samphan a encore exprimé sa défiance vis-à-vis du tribunal chargé de le juger. "Il apparaît clairement que l'on ne veut de moi qu'une chose, que je reconnaisse ma culpabilité", a-t-il conclu. Il a ensuite été ramené dans sa prison, juste derrière le tribunal.

Procédure découpée

Dans le but d'obtenir au moins un verdict avant la mort des accusés octogénaires, la procédure pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide a été découpée.

Ce premier "mini-procès", qui dure depuis 2011, se concentre sur les "crimes contre l'humanité" qu'ont constitué les déplacements forcés de population lors de l'évacuation des villes.

Lors de l'une des plus grandes migrations forcées de l'Histoire moderne, la capitale avait été vidée de ses deux millions d'habitants, obligés d'aller travailler dans des fermes collectivistes. Les Khmers rouges appliquaient l'utopie marxiste de créer une société agraire, sans monnaie ni citadins.

Evacuation "pas forcée"

Nuon Chea a assuré que cette évacuation de Phnom Penh n'était "pas forcée", conduite "sur une base volontaire, sans coercition, violence ou meurtre".

Malgré le découpage de la procédure, le tribunal a déjà perdu deux des quatre accusés. L'ancien ministre des Affaires étrangères Ieng Sary est décédé en mars, à 87 ans, et sa femme, l'ex-ministre des Affaires sociales Ieng Thirith, a été libérée pour cause de démence.

Pendant les presque quatre ans du régime, un quart de la population du pays était morte d'épuisement, de faim, sous la torture ou dans des exécutions sommaires.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias