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Kadhafi appelle au jihad, toute l'Europe condamne

Le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, a appelé au «jihad» contre la Suisse. L'agacement pointe en Europe, l'indifférence règne à Berne.

27 févr. 2010, 15:20

Les réactions hier à l'appel au «jihad» contre la Suisse par Mouammar Kadhafi la veille ont parfois agacé, les musulmans helvétiques notamment, ainsi que la France - propos «inadmissibles» - et l'Europe. Berne, qui pourrait juridiquement saisir le Conseil de sécurité, joue l'indifférence.

«C'est contre la Suisse mécréante et apostate qui détruit les maisons d'Allah que le jihad doit être proclamé par tous les moyens», a dit jeudi le colonel Kadhafi dans un discours à Benghazi à l'est de la Libye à l'occasion de la fête du Mouloud qui commémore la naissance du prophète Mahomet. Les Suisses ont accepté fin novembre une initiative interdisant la construction de minarets.

«C'est vraiment n'importe quoi. S'il y a problème, il doit être résolu par le dialogue. Kadhafi est hors contexte. Il ne vit pas sur notre planète, il n'est pas du tout crédible», a réagi le secrétaire de l'Institut culturel musulman, Mohamed Karmous.

«Tout musulman partout dans le monde qui traite avec la Suisse est un infidèle et est contre l'islam, contre Mahomet, contre Dieu, contre le Coran», avait ajouté Mouammar Kadhafi devant des milliers de personnes et en présence de chefs d'Etat et de représentants de pays islamiques.

«L'appel de Kadhafi n'a rien à voir avec l'islam», a réagi de son côté Bachir Gobdon, de l'association culturelle somalienne de Zurich. «Cet appel n'est pas tolérable, nous ne voulons rien avoir à faire avec cela», a-t-il ajouté. L'imam de la mosquée de Genève a également «condamné totalement» le discours du Guide libyen.

Sur le plan politique, les Nations unies et l'UE ont unanimement condamné le discours libyen. «De telles déclarations de la part d'un chef d'Etat sont inadmissibles sur le plan des relations internationales», a déclaré le directeur général de l'ONU à Genève Sergei Ordzhonikidzele.

Pour Paris, l'appel du dirigeant libyen constitue des «propos inacceptables» et pour Bruxelles, ces propos «arrivent à un moment inopportun», quand l'Union européenne travaille intensément avec la Suisse pour parvenir à une solution diplomatique» à la crise entre la Suisse et la Libye.

A Rome, un léger vent de panique a soufflé du côté des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a appelé au calme: «Ce n'est ni dans l'intérêt de l'Europe, ni dans celui de l'Italie de créer des conditions qui aggravent la situation», a-t-il dit, avant d'insister sur «une solution immédiate dans le contentieux entre la Suisse et la Libye».

Evoquant les propos de Mouammar Kadhafi jeudi et la demande libyenne à l'ONU de mettre à l'ordre du jour de l'Assemblée générale la dissolution de la Suisse en automne dernier, le professeur de droit international Marcelo Kohen considère que «ces actes sont graves». Il épingle toutefois la Suisse, qui «n'est pas totalement blanche». Il pointe du doigt l'affaire des photos d'identité judiciaires d'Hannibal Kadhafi prises par la police durant sa détention à Genève en juillet 2008 et publiées par la «Tribune de Genève» en septembre 2009.

«Si une enquête ouverte contre l'auteur de la fuite ne donne rien, (...) il y a une autorité responsable qui doit faire face», juge Marcelo Kohen. Le Département des affaires étrangères (DFAE) n'a pas souhaité faire de commentaires. /ats

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